Le rang du Chirurgien vient après celui de l'Ecrivain. Dans les navires de guerre il a toûjours un second, & est pourvû des instrumens nécessaires pour son art, & de quantité de médicamens. C'est une grande & dangereuse malversation que d'en prendre qui n'aient pas l'expérience requise, & à qui on ne faisse pas faire preuve auparavant.
Outre les onguens & médicamens nécessaires pour les blessez, il faut que le Chirurgien fasse aussi une bonne provision de ceux qu'on administre pour les maladies que la mer engendre, & sur-tout pour le scorbut; maladie fort commune, qui est causée par le genre sédentaire de vie qu'on mène, par la qualité des alimens dont on se sert, par l'air marin, par les peines qu'on soufre souvent, & par le peu de commodité & de moiens qu'on a de soigner sa personne.
Le flux de sang est aussi beaucoup à craindre, & il regne souvent, ou se fait sentir dans les vaisseaux. C'est quelquefois la grande chaleur qui le donne; quelquefois c'est la quantité de fruits qu'on mange, quand on en trouve. Il se forme encore des hydropisies, & on y est attaque de fiévres chaudes, qui sont causées par des vents de terre très-mal-sains. Si les voiages sont de long cours, & dans des pais chauds, il s'engendre des vers dans les jambes; & si c'est à Groene-landt, ou en d'autres pais froids qu'on va, ce sont des douleurs dans les membres, & des paralisies qu'on à combatre. Un Chirurgien doit principalement être pourvû de médicamens contre ces sortes de maux.
Pendant le combat, le Chirurgien se tient dans la cuisine, ou dans la dépence, parce qu'il y a plus d'espace vuide qu'ailleurs. D'abord on porte les blessez dans la dépence, d'où on les passe dans la cuisine, chacun à son tour, pour les mettre entre les mains du Chirurgien, lors qu'il y est, par une fenêtre qui est dans le fronteau qui sépare la cuisine de la dépence, & par laquelle on distribüe ordinairement les vivres.
Le Chirurgien va se mettre une fois le jour devant le grand mât, sous le haut pont, où les blessez, qui peuvent marcher, viennent à lui, & se font penser; & lors-qu'il vient s'y placer, on l'annonce par une sorte de cri qui est destiné pour cela.
On choisit dans un vaisseau la place la moins sujette aux ébranlemens que causent les mouvemens dont il est agité, pour mettre le cofre du Chirurgien. Pendant le combat il tient ses fers au feu, & tous ses onguens auprès de lui.
Il est obligé de penser, sans aucun falaire, toutes les blessures que les matelots se font à la manœuvre du vaisseau, aussi-bien qu'au combat. Lorsqu'il y a un Médecin à bord, le Chirurgien est obligé de le consulter, & de suivre son avis.
Comme il ne se donne guéres de combat qu'il n'y ait en même tems plusieurs blessez, ce n'est pas trop qu'il y ait deux premiers Chirurgiens, & deux seconds, sur un navire de guerre, & on le pratique ainsi le plus souvent.
Second Chirurgien. Onder-barbier, Onder-heelmeester.
Sjöhistoriska Samfundet | The Maritime History Virtual Archives | Etymology | Search.
Copyright © 1996 Lars Bruzelius.