HANZE-THEVTONIQVE, c'est l'Alliance & la Communication de Bourgeoisie & de Priuileges, la ligue offensiue & defenciue entre les Bourgeois des villes Maritimes de l'Empire, qui sont au nombre de 72. Tellement que celuy qui est Bourgeois en vne desdites Villes, est aussi Bourgeois & jouyt des priuiuileges on toutes les autres: ces Villes Imperiales sont nommées communement les Villes Hansiatiques, desquelles Lubec est la principale & Mere ville.
Les Hansiatiques & tous autres peuples Orientaux à l'Angleterre, sont aussi nommez par l'Ordonnance Ostrelins.
Irois sont les Irlandois Occidentaux à l'Angleterre.
Varech, choses gaiues, choses du Flo, spariées, Barbaries, par ces termes l'Ordonnance entend toutes choses espaues en mer: Adespotæ. nvllivs Dominio Nancipatæ, lesquelles n'ont pas esté encore employées au seruice de l'homme que la mer pousse & jette à terre, dit la Coustume de Normandie.
Le Flot, est commencement ou pointe de marée.
Iussan est le descendant ou basse mer, l'Ebe, c'est plain mer, en Espagnol Elleña est plain mer, la Menguante le descendant, baxa mar basse mer.
Le grand de l'eau, est le flo de Mars & de Septembre aux Equinoxes. Morte marée, sont les marées qui poussent le moins, sçauoir est, sur le premier & second quartier de la Lune.
Bourgeois, c'est le Seigneur ou proprietaire du Vaisseau, cette denomination vient des Theutons ou Tudesques, d'autant qu'en Alemagne il n'y a que les Bourgeois des Villes Hansiatiques qui ait droict de mettre à la mer, tout ainsi qu'en Espagne où c'est que ningun natural del Reyno, puede vender, empeñar, ni dar parte de la naue à ningun estrangero d'el, aunque tenga carta de naturaleza, so graues penas puestas per vna ley Recopilada lib. 6. tit. 10.
Les Leuantins disent, Segnor de la Nau, l'Espagnol Dueño de la Naue.
Particips ou Parsonniers sont ceux qui ont part à la proprieté du vaisseau, l'Espagnol dit Parcioniero, que tiene parte en la Naue.
Auictuailleurs, sont les Marchands qui fournissent & aduancent les victuailles, les armes, poudres, bales, ou autres munitions necessaires pour le voyage ou l'expedition entreprise, l'Espagnol dit Armadors, & les victuailles, los mantenimientos y regales.
Equipage, sont les Officiers, Matelots, & garçons.
Singlage, est leur loyer, & vient de singles ou sangles qui est cordage. Froissart. chap. 10. du volume premier.
Le chapeau ou les chausses, c'est le present ou le pot de vin que le Marchand chargeur, ou celuy qui frette, donne au Maistre, qui est ordinairement tout autant que le fret d'vn tonneau.
Quarteniers ou Compagnons de quartier, sont quatre Officiers qui commandent au travail de l'equipage à faire officier le voiles pendant six heures, où la quatriéme partie du iour qu'ils sont en faction, qu'on dit faire le quart, & sont de pareille authorité que les Caporaux au Corps de Garde.
Faire les manœuures, c'est le trauail de l'équipage.
Mortes œuures, est le radoub à la partie ou Nauire qui surmonte & paroist sur l'eau, à quoy les apprantifs Charpentiers peuuent trauailler.
Oeuures de marée, c'est le radoub ou calfat qu'on donne à la partie du vaisseau qui cale dans l'eau lors qu'il nauige, & le fait quand il est couché sur les vases, ou qu'il fait carene; à quoy les seuls Charpentiers experimentez peuuent trauailler, & porter la botte sans esperons.
Faire carene, quand le vaisseau est tourné ou couché par costé sur l'eau, tellement que la quille paroist pour receuoir le radoub.
Radoub & Calfat, c'est remplir forcéement les jointures & fentes d'estoupes, & ce fait, l'enduire bray & d'huile bouïllant.
Maistre d'Ache, est au Leuant le Charpentier qui conduit la besogne. Naupegus l. ultima D. Iure Immunitatis.
Calfats, sont les Compagnons Charpentiers.
Calfatins, sont les apprantifs ou valets.
Brayer, spalmer, c'est enduire le vaisseau au de bray ou poix mélée d'huile, de gouldron ou de suif, qui est suiuer & suage, florer, donner le flore, ou dorer, le blanc placqué sur le noir fair couleur d'or ou jaune, color puniceus.
Vin de breage, se donne aux Compagnons Charpentiers pour les encourager au trauail.
Bray, est la poix mixtionnée auec huile de poisson pour estre plus grasse & tenant, en Espagnol Breu, en Italien pegola de linaui.
Spaltum, est bitume qui vient du Leuant, les Droguistes font estat du Spaltum Iudaicum, qui est Asphaltvm de la mer morte de Sodome & Gomorre, à ce qu'on dit, la fumée d'ici luy chasse & tuë les rats.
Spartum, est cordage fait de Genest d'Espagne, Plin. lib. 19. cap. 2. l'Espagnol nomme Spartillos les escarpins tissus de fissele, en Latin Cedrium.
Goudron, est la liqueur du sapin mis vert en fourneau pas bout, qui distile d'autre bout le goudron dans les receptacles ou timbres de pierre, lequel noir cit à la fumée, il sert principalement pour enduire le cordage. Plinus lib. 16. cap. II, Mathiol sur le 82. chap. du premier liure de Dioscoride Dalechamps au Liure 1. de l'Histoire des Plantes. chap. 21.
Agreils & Sartie, signifie toute sorte d'apparatus, Armamentvm qvod navis cavsa paratvr, l'Espagnol dit Xarcia, (les modernes l'écriuent & le prononçent jarcia) armas y aparejos, τ_ς έξαρτιας l'Italien dit Sarte e Sarti.
Gouuernail à Thucion, c'est à gros timon.
Fretement & afretement, loüage du Nauire, le Maistre Frete, le Marchand chargeur afrete, le loyer est le fret: Les Leuantins disent nolit, & aux Nauires de guerre au Ponant c'est Naulage, l'Espagnol dit, Fletamiento, precio de flete l'Italien Nolo.
Ameiner, est abaisser descendre les voiles, amaynar las velas en Espagnol, abbassare, auallaer, calare le vele en Italien.
Abatre, le pauillon, l'vn & l'autre sont saluts par soumission.
Amariner vn vaisseau, est le mettre en estat de nauiguer.
Marchandises marinées, c'est imbuës ou soüillées d'eau de mer.
Marchandise de contrebande, c'est à dire prohibée de sortir, qui est transgression, ou d'entrer, qui est contreuantion, & vient de l'Italien Bando, qui est vn Edict de deffence, cosas vedadas, mercaderia prohibida, ilicita, descaminada, fuera de registro, dit l'Espagnol.
Ban, est terme François à ce que dit Pasquire au livre 2. chapitre 3. & au livre 7. chap. 1. & trente-quatriéme es Recherches.
Charte partie, c'est la lettre de la facture, ou le contract de carguaison fait par écriture de main publique.
Breuet ou connoissement, en Espagnol Conocimiento, c'est écriture priuée à mesme effet: mais pour marchandise particuliere, qu'on dit Marchandise passagere, laquelle n'occupe tout le vaisseau, & qui est prise par occasion.
Passagers, ceux qui payent fret pour le port le leurs personnes & hardes, en Leuant sont nommez Pelerins 'δπιβάτ_. Nauis ascensores Alciat Parergon lib. 1. cap. 42.
Police d'asseurance, nommée au Leuant Seguretats maritims, par les Espagnols au Ponant Seguro de peligro, ô riesgo de mar, ô tierra, contrato de prometidos, est vn contract grandement necessaire & salutaire à la Nauigation Pericvli prætivm par le moyen duquel, & le benefice d'vn prix moderé, qu'on nomme Primeur, les asseureurs prennent sur eux, & répondent des risques & mauuais euenemens de la nauigation entreprise desquels ils doiuent indemniser les Marchands chargeurs en cas de perte ou d'empirance.
Bomerie, c'est le contract d'emprompt à la haute ou grosse aduanture Foenvs navticvm qui s'assigne sur le Bomé ou la quille du Nauire, laquelle perduë par feu, naufrage ou autrement l'obligation demeure estainte. Le commun dit argent à profit.
Acte du delais, par lequel l'asseuré ou le debiteur denonce & delaisse la perte & le naufrage à l'asseureur, & luy dit qu'il entend estre payé des sommes asseurées dans deux mois apres la datte du delais.
Bargagne & Bargagner, est marchander, tanter le prix & les conditions. Pasquier au 7. livre des Recherches chap. 3. Les Gascons en l'Histoire de Froissart chap. 103. du tiers volume, jettant leur dessein à surprendre & piller la ville de Monferrand en Auuergne, dirent riant entr'eux: Maintenant nous la bargagnons, vne autre fois nous l'achepterons, l'Italien prend ce terme pour vne vente à credit ou à terme, bargagnando, cioe aspetando o prometendo, e tenere in bargagno e tenere in promesse.
Baraterie c'est tromperie Inganno, baratto, far punta falsa.
Baraterie de Patron, c'est fausse route faite à dessein, l'Espagnol dit, Descaminada, quand le Maistre déloyal va en terres ennemies ou lointaines, & s'approprie le Nauire & marchandises, comme aussi c'est les maluersations, roberies, larcins, alterations, déguisemens causez par le Patron ou l'equipage. Corsaire, en Espagnol Cossario, en Italien Corsale, e quello che Ruba in mare, Corssegiare e andare in Corso cioe Rubare, c'est Pirate & piratiser.
Congé, c'est la permission de nauiger, on les nomme Brieus en Bretagne, & la reception parler aux Hebrieux, & se donnent aux sujets passeport aux amis, seureté ou sauf-conduit aux ennemis.
Auarie, est toute sorte de dépence, dommage, tare ou empirance ordinaire ou extraordinaire, los gastos y Daños dit l'Espagnol: & l'Italien Danno & Iattura.
Auarie grosse conçerne & vient au dommage du Nauire, & de la marchandise, comme le ject quand il faut couper cordes, cables, voiles, masts, pour la saluation du Nauire & marchandise, l'vn & l'autre contribuë au de dommagement, & la repartition s'en fait par déconfiture, au sol la liure par l'Operation de la Regle de trois.
Auarie simple conçerne l'vn ou l'autre seulement, comme si la marchandise empire ou pourrit, si le vin ou les liqueurs coulent, s'il la faut éuenter, charger ou décharger c'est au compte particulier des Marchands, si le degast est causé par le deffaut du Nauire, en ce cas sera aussi auarie simple pour le Nauire, tout ainsi que le radoub & le calfat.
Pillage, est la dépoüille, les coffres, hardes & habits de l'ennemy, pris, ensemble l'argent qu'il a sur la personne iusques à 30. liures.
Butin, est le gros & le reste de la prise.
Boucler, mettre ou tenir sous Boucle est sous clef ou en prison. De cette locution. Ioceaulme Marchand Drapier menace son Berger la Comedie de Pathelin, si ie ne te fais emboucler, tout maintenant deuant le Iuge.
Haute-somme, est le blot & le prouenu de toute l'expedition.
Harangaison, est le temps du passage & de la pescherie, & preparation du haranc, qu'on nomme Droguerie: sçauoir, est, dépuis la my Aoust iusques en Nouembre.
Morte saison, est le temps d'oysiueté, qu'il ne se presente quoy faire, quand la practique cesse.
Escales, sont les ports que le Nauire aborde pendant le voyage, auant paruenir au lieu du reste, l. ad reparationem C. aquædictu.
Kai, c'est l'espace sur le riuage à poser la marchandise, Vox Kai perantiqua denotat enim crepidines oppositas Fluminibus ad eorum impetum cœrcendum. Iosephus Scaliger Ausoniarum lectionum. lib. 2. cap. 22.
Cale, est vn abry ou rade profonde Statio, Donner la cale. Est plonger en l'eau, Suplicij Nautici genus cum quis funi alligatus aut in cauea ferrea inclusus in Mare projicitur, & subtus Nauim raptatus dennuo submergitur Χαταποντισμος: C'est vn triste spectacle sur la Riuiere de Bourdeaux, fort odieux & mal plaisant aux pauures garçes & maquereles de reputation lors qu'elles y sont exposées à leur grand regret & de leurs bons amis & corriuaus, la Cale seiche, est l'esttrapade.
Lieu du reste, le but du voyage & de la décharge puerto de la descarga de la naue.
Balises, Bouës, sont adresses posées aux passages, pour indiquer la droite route & les danges qu'il conuient euiter, & sont necessaires aux Ports de barre, ausquels les Nauires ne peuuent entrer que de haute marée.
La Barre, c'est l'entrée du port, Portus Fauces, angustiæ.
Lamaneur, Locman ou Lomen, Χειρεμβολος manibus laborans, aut aprehendens, sont Pilotes des haures & riuieres, & Mariniers qui se louënt à mener, touër, ou conduire les Nauires en rade, qui est dans le havre, ou en Furain, qui est hors & en pleine mer, Insalo, dicuntur etiam helcyarij, qui naues deducunt subducuntque ab έλχω quod est Traho, le trauail de ces Pilotes est nommé menus pilotages, & des Mariniers Touage & lamenage.
Tanqueurs, sont les gabarriers qui portent à bord les marchandises, & du bord à terre.
Pinces, sont grandes barres de fer pointuës & renforcées d'vn bout, semblables à celles que les massons ou gastadours employent à desmolir becs de gruë.
Bidons, sont chopines de bois cerclées, à tenir la boisson, si sont de terre cuite ou d'estain, sont nommées Frisons.
Raison ou Ration, est la mesure ou portion de biscuit, pitance ou boisson qui se distribuë à chacun dans le bord aux repas, si par fois la portion augmente, c'est double raison.
Gameles, sont disques ou plats de bois à mettre la pitance.
Manes, sont paniers à rebord, semblables aux chapeaux du temps passé. Calachus.
Tapebort, est vne bourguignote ou bonnet, qui sert le iour & la nuict.
Cuirs verds, qui ne sont preparez, mais tout ainsi qu'ils sont tirez de la beste ou de l'écorcherie, cueros à pelo, y cueros adobados dit l'Espagnol, pelli acconcie pelli che non sono acconcie dit l'Italien, cuirs adoubez, ou tannés.
Poisson verd. qui est seulement salé & tout moite.
Poisson sec, qui est salé & seiché; les meilleurs mouruës sont les mafles, il s'en trouue & s'en prent fort peu, les Compagnons les cachent en leurs coffres parmy leur linge & chemises, & les nomment languis, ces mouruës se vendent en detail au poids & à la balance.
L'ordinaire est part au fret, los marineros van à la parte de los fletes por la soldada, ou la faculté que chaque Officier ou Matelot à de mettre à son compte ou pour soy dans le Nauire sans payer fret, iusques au poids de tant de quintaux ou tel nombre de barrils, suiuant le port du vaisseau, les Bretons le nomment quintelage, & les Leuantins disent asportados de Mariners, portées de Mariniers, Contarenus de Repub. venetorum lib 5.
L'ordre des Officiers est l'Admiral & Vis-Admiral, Monseigneur de Vandosme a creé de nouveau vn Contre-Admiral, qui semble Officier bien inutile & fort déplaisant auec autres Capitaines, lesquels à l'occasion de ce ne peuuent arborer de pauillon en aucun mast dressé sus-bout, & a suite les Capitaines; & à suite les Capitaines; parmy les Espagnols, le General est le premier, l'Admiral est le second.
El Capitan General es el caudillo de todas las naues de la flota y gente della.
Almirante es el caudillo de las naues y gente della, so el General, & dans les Nauires en marchandise, le Maistre ou Patron, le Pilote Gvbernio, le Contre Maistre ou Nocher, Proreta, le Marchand ou Facteur, l'Escriuain, ναυφύλαχος Cvstos navis, le Chirurgien, le Despensier ou l'Oeconome des viures promus Condus, les quatre Compagnons de quartier, le Cuisinier, le Canonnier, le Bosman preposé à brosser les Ancres, qui est les plasser & mettre à lieu sur les trauersins, le Maistre de chaloupe, Lintrarivs, les Charpantiers& à suite le reste des Matelots, Garçons, Pages & Gourmettes, Grumete, en Espagnol, en Latin Mesonaute qvi in media navi operam præstant, & sont dans le nauire, ce que Mediastini, en la maison, Qvi vilissima qvæqve ministeria obevnt, on les nomme souïllons.
Si c'est vn Nauire de guerre, le Capitaine est le premier, le Pilote est le second, aprez vient le Maistre, estant ainsi qu'en tous vaisseaux le Pilote est tousiours le second Officier pour l'honneur des Sçiences qu'il professe & practique. Aux Nauires de guerre & de long cours conuient auoir deux Pilotes vno principal, y otro acompañado, ensemble des autres Officiers necessaires, cedula Real del año de 1587. Cét ordre fut originairement mis en practique par les Carthaginois Ælianus variæ Histor. lib. 9. cap. 40.
Le compas aguja de marear en Espagnol, langucchia del Bossolo en Italien, c'est la Bossole ou la boëte de l'aiguille aimantée nommee Compas, laquelle est couuerte d'vn carton nommé la Rose, taillé en rond, & diuisé en 360. degrez ou parties égales en sa periferie: Sur lequel est figuré vn Compartiment de trente deux rayons ou demy diametres, réspondans à l'horison, & designant le quartier de trente deux vents: celuy du Nord qui meut & dresse la Rose, est pointé d'vne Fleur de Lys: l'Est ou l'Orient d'vne Croix, l'Oest ou l'Occident d'vne Aigle de l'Empire à deux testes.
Les rayons de la rose sont nommez rins & rums, lesquels touchent à la circonference à distance égale d'vnze degrez vn quart, l'vn de l'autre.
Le centre d'icelle balançant sur la pinulle de la bossole, est dans vne petite bosse nommée la chapelle, en Espagnol chapitel.
Il y a des compas nommez de variation, qui ont vn petit obelisque ou stile droit sur la chapelle, pour reconnoistre & chercher en tous lieux la variation de l'aiguillle, ce qui se remarque, ou qui est obserué au leuer & au coucher du Soleil.
L'Astrolabe pour la nauigation est de bronze ou de potin, son alidade, les pinnules sur icelle le clou, le cheualet ou l'écrouë, sont de semblable metal, & sert à chercher sur le limbe l'eleuation du Soleil, notamment au poinct de Midy que se font les vtiles obseruations à cét effet.
L'Arbalestille, en Italien balestra, en Espagnol balestilla, est le baston gradué ou rayon astronomic seruant à mesme fin pour cercher les hauteurs & les esleuations du Soleil & du pole, ou des estoiles, qui est pour obseuer les latitudes du monde.
Il y a de plusieurs façons d'arbalestille & deux sortes de jeu ou d'vsage d'icelles, sçauoir est par la lumiere, & par les ombres qu'on dit à l'Angloise.
Cét instrument est de bon & fidele seruice: La juste composition se fait, tant par ordre d'Arithmetique que de Geometrie.
La regle ou le baston sur lequel les degrez sont marquetez, est nommé la Fleche.
Les Trauersans qui courent le long de la regle sont les croix ou marteaux: au bas bout desquels s'ajuste la visiere de cuyure ou de leton, & des costes du plus petit Trauersant, aduancent deux Courbeaux de Marphil ou d'Yuoire, ce pour operer à l'Angloise, & par l'ombre.
Au reste l'vsage & les operations des instrumens Meteoroscopes, s'explique[n]t en la Nauigation par les termes propres des Mathematiques.
L'Art de nauiger qui n'est autre que la Cosmographie en pratique, seroit parfaitement reconnu, si deux choses estoient bien notoires. Premierement, l'ordre & les regles pour prendre justement & certiuement les mesures sur le traict de l'Oest à l'Est, qui sont les longitudes du monde.
Secondement, la cause formelle de la declinaison de l'aiguille aimantée, à costé du Meridien, sa direction, l'Arrest à la Tramontane, sa declinaison variable sous diuers Horisons, & sous mesme Meridien, sa reuolution & mouuement Circulaire, & le reste des effects de la calamite ou pierre d'Aimant calamita en Italien, piedra Iman en Castillan, qui, qui sont matieres fort subtiles, reconnuës par les effets & non encore à priori.
Les Ordonnances de l'Admirauté employent aussi quelques termes d'autres facultez peu connus ou frequents, comme Vicomtes & Viguiers, qui sont Iuges ordinaires de grand authorité, Vicarij Comitum.
Verdiers, Gruyers, Garde, Maistre de Garde, Forestier, Maistre Sergent, signifient vn seul Office ainsi diuersement nommé, suiuant la diuersité du temps & des lieux, & sont les Lieutenans des Grands Maistres des Eaux & Forests, qui exercent sur les lieux.
Maistres des Ports, sont les Receueurs qui leuent les doüanés, contributions, les Coustumes, trauers & payages, ou peages, publicani & peccatores & meretrices sicut & huius & publicanus, dans l'Evangile S. Mathieu chap. 18., l'Espagnol dit, Aduaneros o publicanos.
Grenetiers est le nom des Gabeleurs.
BOnasse, c'est quand le soufle des vents est moderé, que le Ciel est serain, l'Air & la mer sont tranquiles, que l'eau est plate & courtoise malacia et Pellacia, Placidum Mare, l'Italien dit Bonaccia, tempo tranquillo, piaceuole: & bello, l'Espagnol Bonança y serenidade, temp quieto.
L'Armogan, aux jugemens d'Oleron, signifie le temps cportun à nauiger, Mare apertum.
Temps bel & bon quand il est nouuellement venu, il le faut laisser rasseoir, disent les mesmes jugemens, noli huic tranquillitati confidere, momento mare vortitur: eodem die vbi luserunt nauigia sorbentur Seneca. Epistola quarta.
Loiser, c'est éclairer.
Failloise, c'est l'endroit ou le Soleil couche, & disparoist à l'horison.
L'opposite est le Brun ou l'embrunir de la nuict.
Le poinct du iour, & la Diane, c'est le matin. Diluculum, crepusculum, en Castillian Aluaparecio.
Lalba, dit l'Italien, ao sayr do Sol, dit le Portugais, ao Pon do sol, où le Soleil disparoist n'el far d'el giorno, sur far dell alba, dit l'Italien, & le Castillan, al amanecer, qui est le matin, à sol puesto, qui est le soir.
Falaise, est le haut du riuage, le bord de la terre, outre lequel la mer ne monte pas, le terrain.
Le dessus du vent, est à dire l'auantage: Les Nauires de guerre disputent ordinairement à prendre le dessus du vent, & c'est brauer au rencontre tous ainsi que prendre le haut du paué par ruë, Superbire. Et d'abondant c'est ruse de guerre, comme prendre le Soleil aux combats, tant à cause de la fumée de l'artillerie que le vent pousse sur l'ennemy, que de l'aduantage de pouuoir suiure & fondre, ou luy donner la chasse, l'Espagnol dit, soprauento y barlouento, & le dessous du vent, sotauento.
Vent en poupe, vent droit.
Vent de bouline, à costé, Celerior est navigatio cvm vento laterali, qvam cvm recto Baconus Cancellarius Angliæ, de motu ventorum in velis.
L'esloignement ou la proximité des terres se remarque à la couleur de la mer, qui est plus verte aux lieux profonds; comme aussi aux houles, louemes ou vagues, qui sont les vndes plus grandes & plus farouches en plaine mer & sur les dangers sont fort irregulieres & rompuës, c'est ce qui est nommé Batures, & en Gascon Champot.
Certaines mers sont couuertes d'herbes, au cap verd en Affrique & proche les Isles Cuba & Spagnola, elles sont chargées de Sargasso, qui est à dire en Espagnol, herbe des puids, d'autant que ce simple est semblable en figure à l'Adiantos, espece de capillaire que croist ordinairement autour des puids Iean Hugues de l'Inschot cap. 95. page 169.
Au lez des Isles Molucques, croissent des herbes au fonds de la mer, desquelles la fueïlle surmonte iusques à la surface, tout ainsi que la Nymphæa, ou Nenuphar des estanchs & petites riuieres.
Prez le cap de Bonne-esperance, croissent en plaine mer las Trombas ou Trompetes.
En la coste de Barbarie le Corail rouge & blanc, & dans la mer Erithrée ou Rouge, quantité de plantes qui ne se trouuent pas ailleurs, & dont l'obseruation designe au Marinier en quelle mer il flote.
Les Mariniers rapportent que l'approche des terres, exhale & fait ressentir à ceux qui ont longuement battu la mer, des odeurs Aromatiques, suaues au cerueau, fauorables au poulmon, & qui recréent grandement les malades, spargon da l'odorifero terreno, tanta suauita chin mar sentire lo faogni vento, che da terra spire. Petrus Martyr De Insulis nuper repertis.
L'apparence des oyseaux non seulement terrestres, mais aussi les marins font le mesme ensignement de la proximité des terres, dont il y en a qui viuent & demeurent tousiours en certaines plages, comme les Hape-foies, Marmetes, fauquets, maupoules, au banc des mouruës.
Les Cacca vccello, sur la coste de Guniée, lesquels se nourrissent de l'esmutissement des autres oyseaux: ils courent sus comme oyseaux de proye, & les ayant fait par crainte esmutir ils prennent & aualent l'excrement, puis se retirent.
Les Feysoins, au Cap de Bonne-esperance, ce sont des oyseaux de la taille des Alcions ou des grosses alouëttes, lesquels ont le plumage tauelé de blanc & de noir comme sin velours, nommez à ce suiet par les Portugais Mangue de velade, François Pyrard de Laual chap. 2. & sont ainsi nommez ou Mangas de vellugo, comme dit le R.P. Fournier en son Hydrographie; à raison de ce qu'au bout de leurs aisles les plumes sont marquées de couleur de veloux noir, estant au reste du corps blancs & gris, Iean Hugues de l'Inschot cap. 93. pag. 156. & 166.
Iean Mocquet en son quatriéme voyage en reqmarque de deux especes, de petits qu'il nomme Alcatras, & de grands comme Gruës page 226.
Les poissons designent aussi l'approche & l'esloignement des terres, dont les vns ne s'en écartent pas, les autres sont tousiours en plaine mer, commes les poissons volans nommez Colondrini, grands comme harencs, viuans sous la ligne Æquinoctiale, & au parmy les Isles de l'Ascension, & de Saincte Helene, & sur la mer du Zur ou pacifique, lunghi vn palmo & piu & sono eccellenti à mangiare, dit Cadamusto. Iean Hugues de l'Inschot chap. 95. page 169.
En temps calme & serain plusieurs grands poissons se jouënt & nouënt autour du vaisseau, comme Marsouins, Dauphins, Hayes, Tiburons, & autres que les Mariniers harponnent à l'occasion, ou prennent à la ligne: & en font chaudiere, c'est à dire cuisine. Vient à remarquer que de ces grands poissons de mer li grandi non sono buoni da mangiare como li piccoli, au contraire des poissons de riuiere que les vieux valent mieux que les jeunes,
Si ce sont Balaines, Orkes, Physeteres, ou Sonfleurs, Prister, Lamies, ou autre telles belluës cetacées & monstres marins, qui folastrent autour du vaisseau: Les Matelots sont aduertis de leur jetter prestement des poinçons, bottes ou barriques vuides pour les abuser, leur serduir de pelote & les destourner qu'ils ne renuersent le Nauire. A deffaut de ce ils sonnent gresle de la trompette, & si cela ne suffit ils lachent le canon pour les esloigner, cependant gaignent pays. Cardanus de Rerum varietate. lib. vndecimo cap. 54.
Esme, ou Estime, c'est le raisonnement ou jugement du Pilote, du lieu auquel il croit estre, ce terme est commun en mesme sens à la Nauigation & à l'arpantement.
L'ordinaire & commun argument pour reconnoistre les terres est de tenter à la fonde, qu'on dit donner fonds ou faire tente. C'est plonger vn plomb, au bas bout duquel les Mariniers placquent vne couche de beurre ou de graisse pour prendre du sable au fonds, & par la couleur ou figure d'iceluy ils reconnoissent les terres & les lieux, suiuant que les Routiers l'enseignent, & de ce que la ligne ou le courdeau qui tient le plomb cale ou enfonce, ils recognoissent la profondeur; l'Italien nomme cét appareil lo Scandaglio, le Castillan Sondaresa, en Latin Bolis.
Les Marées se meuuent au mouuement de la Lune, & retardent à venir chaque jour en Europe de trois quarts d'heure. Æstus Oceanicum Lunæ curriculo congruit. Scaliger Exercita ad Cardanum. 52.
Et quand en Europe il est plain mer, en mesme temps & à mesme heure il est basse mer aux de destroits de Magellan, de S. Vincent ou passage de Iacob de Maire, lesquels sont en l'hemisphere opposite & antipode de l'Europe, suiuant l'obseruation de Bartolomé, & Gonsalo de Nodoal, Capitaines de Marine Castillans, en leur Iournal de mil y seyscientos y diez y ocho, fol. 20. y 32.
Au renouueau & au plain de la Lune, les eaux de la mer marinent & inondent au plus haut, & lors c'est chef d'eau, cabeca de aguas, malina, id est maior æstvs: (On a remarqué qu'aux années que l'Epacte est au nombre pair, les mareages viennent beaucoup plus grands au plain de la Lune & au contraire, lors que l'Epacte est nombre impair, c'est à Lune nouuvelle que les Marées inondent dauantage & marinent plus haut:) A suite & trois iours aprez le renouueau, ou le plain à chaque retour de marée les eaux décroissent & n'aduançent si auant, & ce depuis le troisiéme iour de la Lune nouuelle, iusques au premier quartier, & depuis le troisiéme iour du plain iusques au dernier quartier, & pendant cette langueur ou décroissement sont Eaux mortes, Aguas muertas ledon minor æstvs. De sorte qu'à ce premier quartier, & iusques au dixiéme iour de la Lune, c'est Basses eaux.
L'vnsiéme iour qui est aprez le premier quartier les marées commençent à surmonter la marée suiuante plus que la precedente, & lors sont Eaux viues, Aguas viuas.
Ce qui procede iusques au plain & trois iours aprez, que derechef c'est chef d'eau. Continüant de la mesme reuolution d'eaux mortes iusques au dernier quartier, & de là viennent eaux viues, iusques au renouueau: Sanctus Augustinus De Miraculis Sacr. Script. libro primo capite septimo. Bedæ Anglosaxonis lib. de natura rerum, cap. 39. Seldenus lib. 2. Maris clausi cap. 9. Toutes-fois les eaux montent dauantage proche des Æquinoxes qu'en toute autre saison,
Les fortunes ou trouuailles, nommées aux jugemens d'Oleron, Herpes marines, du vieux terme Gaulois Harpir, qui est à dire prendre, & son contraire VVerpir, qui est quitter ou delaisser: sont l'Ambre, le succinum, ou Glessum άρπαξ, le coraïl, le coquillage, la pierrerie, les marchandises naufragées, & tout ce que la Coustume de Normandie nomme Varech, & l'Espagnol Monstrensa. Couarruuias in Relectione cap. Peccatum. De Regulis Iuris. Parte. 3. §. 1. num. 5.
L'Amarour du temps, gros temps, grosse mer, grosse tempeste, Fortunal, temporal: Sont synonimes pour exprimer l'excés du mauuais temps, causé par l'injure de l'Air & des vents. L'Italien dit cattiuo & crudel tempo, forte tempo, noiosissimo, mare grosso, mare gonfiato, l'Espagnol, Tempestade de ventos, grande o rija tormenta, temporal rezio, le contraire est le temps serain, le vent à volonté & fauorable, vent gaillard, vne frescheur, le Castillan dit viento fresco y deleytoso, & le Latin Ventus Suauis.
Les vents qui viennent de la mer, sont mesfaisans, ils excitent & portent les orages & sont nommez vents d'Aual: car quoy que la terre & la mer fassent vn globe, & qu'à l'optique la mer paroisse plus haute que la terre, d'autant que la veuë nous represente les choses esloignées, comme si elles estoient esleuées à la hauteur de nostre œil: toutesfois attandu que les ruisseaux & les riuieres courent & s'engouffrent en la mer, & que Natura aquarum sponte in inferiora prolabitur Ambrosius Hexameron lib. 2. cap. 2. les Mariniers estiment la mer estre plus basse que la terre, & à ce suiet nomment les eaux qui viennent de leur source eaux d'amont & de hault, & quand elles ont passé c'est aual l'eau.
Halise, bouffée, groppo di vento Halitvs.
Come groppo di vento talhor iunge.
Che sitra dietro vré horrida tempesta.
Les vents de terre, sont d'ordinaire doux & fauorables.
Borasque, est tourmente de durée & violente. Borrasca que le duro muchos Dias, dit l'Espagnol.
Trauades, sont tonnerres & brouïssemens en l'air, l'Espagnol dit Trouões, trouoada.
Lampes, sont les éclairs, l'Espagnol dit relampagos orayos, on les nomme aussi Dragons de feu, quand auant ou pendant l'orage il semble que le Ciel fend ou s'entr'ouue en feu, il Ciel auampo, si spezzo, dit l'Italien: C'est ce qu'on nomme Hiatus, ressemblant au Chasma ou creuasses de la terre, causées par grand siccité: baleni ispauenteuoli. Seneca naturalium quæstionum cap. 14.
Par che baleni quella nube, & arda
Come de fiamme grauida, e de lampi
Inuoluere diem nimbi & nox humida cælum.
Abstulit, ingeminant abruptis nubibus ignes,
Ignearima micans percurrit lumine nimbos.
Les vents d'orage sur les costes Occidentales de France, d'Espagne, & autres de mesme trace, sont l'Oest, le Siroest, nommé au Leuant libecio, le Noroest, qu'on nomme Galerne, les Italiens Maestro, ou Maestrale, en Prouence Maistrail.
Et à l'ooposite [sic] sur les mers & costes de Canada, Virginie, Floride, les vents Orientaux nommez Brizes, sont grandement terribles & vehemens, d'autant plus qu'ils sont renforcez par le mouuement continuel du premier mobile, & par l'estenduë & l'esplanade de la grand mer qu'ils trauersent.
Aux costes d'Europe sur la mer Mediterranée, le Su, nommé Ostro: le Nort est ou Bize nommé Greco, sont vents d'orage; En effet tous vents qui viennent de la mer sons terribles & tempesteux: & leur furie n'exploite pas seulement à mouuoir les houles noires & rauager sur la mer, mais aussi bien auant sur terre, ils esleuent & amoncelent aux riuages areneux, les Dunes, Pics ou Puys, qui sont grand montagnes de sable mouuant, ou morte terre Tvmvli, le Castillan les nomme montones de arena y barreras blancas, que les vents de terre ne peuuent destruire ou remettre en mer que fort rarement.
Mais de tous les vents le plus terrible & redoutable est ventus Circius, que nos Mariniers nomment Tourbillon, grain de vent, & Dragon de vent, les Portugais, olho de boy qui est à dire œil de bœuf: les Castillans roruellino, y Furacane: Benzo lib. 1. cap. 10. les Leuantins, Typhon, Chifon ou Seiron, Lucianus lib. 1. Historiæ veræ, Seneca Naturalium quæstionum. lib. 5. cap. 13. auant que ces vents ne fondent, n'esleuent, & ne façent pirouëter l'eau de la mer en forme d'vne Colomne haut de cent brasses, tournoyant spiralement de quinze à vingt pieds de diametre, on les remarque en l'Air parmy vne épaisseur, portant vne petite nuée laquelle en apparence semble à la grosseur du poing, ou main fermée, & venant du costé du Su, se fait voir & s'esleue sur l'horison, ils sont fort frequens au Cap de Bonne Esperance, sur les costes de Barbarie, & aus plages Orientales d'Amerique, le Chancelier Bacon en remarque de trois especes.
Procellæ quæ fiunt cum nebula aut caligine quas bellvas vocant, quæque se sustinent instar columnæ, vehementes admodum sunt, & diræ nauigantibus: Typhones maiores qui per latitudinem aliquam notabilem corripiuntur & correpta sorbent in sursum raro fiunt: At vortices siue Turbines exigui & quasi ludicri frequenter: Baconus Cancellarius Angliæ, de ventis extraordinariis.
Pline le vieux lib. 2. cap. 48. dit que les Mariniers de son temps versoient du vinaigre à l'approche du tourbillon pour l'appaiser, à present les Mariniers ont coustume de se digladier entre eux à la vieille escrime sur le Tillac, estimant par ce moyen faire passer à costé le fortunal. Vince[n]t le Blanc partie premiere de ses voyages chap. 9. page 40. Le plus prompt remede aprez les prieres à Dieu, est à l'aproche de tirer le canon à bale cõtre ce Phœnomene pour l'abatre & le dissiper. Histoire de Barbarie liu. 1. chap. 6.
LEs dangers sont autant à craindre que les orages, & y en a de deux especes, sçauoir de ciuils, & de naturels, les premiers sont nomméez dangers de la Seigneurie, Risques de terre, & sont les deffences, les rigueurs, les doüanes & les exactions que les Seigneurs des lieux practiquent ou exigent sur les Marchands, les Mariniers & les naufragez, qu'ils ont en leur pouuoir: dit Garcie de Ferrande en son Routier au chap. des Coustumes & Priuileges de Bretagne.
A ce sens Froissart, au chap. 165. du second volume dit parlant de l'echange que fit de Duc de Bourgogne de la terre de Bethune auec la ville de l'Escluse en Flandres, appartenant à Messire Guillaume de Namur? Que le Duc de Bourgogne auoit intention y faire vn tres-bel & fort Chastel; si comme il y a à Calais & ailleurs pour Maistroyer les allans & venans par mer, tellement que nul n'yroit par mer en ces marches qui ne fut à son danger. Merlin en ses Propheties au feuïllet 50. Donc celuy Chasteau tenoit en son DANGER tout iceluy Pays jusques à la Mer Salée.
Le Roman de la Rose explique assez naïfuement ce terme.
Tous les plus grands & les mineurs,
Portent à Richesses honneurs:
Tous se mettent en son DANGER,
Et là veut châcun calanger.
Les Pyrates & gens de guerre sont aussi de grands dangers: le feu, le manquement des victuailles ou munitions s'embarquer sans biscuit, & tous les accidens qui arriuent par l'impreuoyance ou negligence des Mariniers ou de ceux qui les equipent.
Les dangers naturels, sont les escueils ou rochers, grands & moindres nommez rochois, en Italien scoglios, en Espagnol rochas de mar, escollos: les Portugais abriolhas, qui est à dire ouure les yeux & prens garde, abrojo o abrollo, est vne Chausse Trappe.
Secondement, les bancs & les basses, si le Nauire hurre ou se porte sur iceux, ou s'il eschoüe seulement, qui est toucher & demeurer posé, l'affaire est fait, & le vaisseau n'en releue iamais demeurant affaissé & acrauanté sous la pesanteur de sa charge.
Les grands rochers qui s'éleuent à pic, c'est à dire droitement, aspres & releuez, sont nommez barges, telles sont les barges d'Olone & telles scylla e Cariddi nella riua di Sicilia in lito di Messina.
Les houles, qui freapent & portent de rudesse contre les rochers, s'eslancent & bondissent bien loin, sont nommées batures, il ribombo del acqua.
Les houles, qui frapent & portent de rudnesse contre les rochers, s'éöançent & bondissent bien loin, sont nommées freins, il ribombo de l'aqua, fracta remurmurant vnda.
Les mediocres ou moindres escueils qui se herissent sur le fonds sont nommez brisans, en Espagnol baxos y peñascos, & sont designez sur la Carte marine par des petites Croix. Il y en a qui couurent & découurent à châque marée, ceux qui ne découurent point ou peu sont pires, pour ne pouuoir estre apperceus, mihi naufragium in scopulis occultissimis formidandum. Augustinus lib. 2. Soliloquiorum cap. 8. in fine.
Sirtes & bancs, sont atterrissemens ou assablemens de grands & longues motes de sable, les Leuantins, & les mores les nomment secques, banchi de arena, banchi & scanni larghi in mare, qui ne sont terre ny eau, mais participent des deux.
Syrtes vel primam mundo natura figuram
Cum daret, in dubio pelagi terræque relinquit.
Lucanus lib. 9. Belliciuilis.
Les orées ou les bords des bancs sont nommées escorres.
Au lés des grands bancs, il y a d'ordinaire des banquereaux, separez de grands par quelque passage ou fil d'eau qu'on nomme pas, trépas, ou pertuis, & ces petits banquereaux sont nommez Faraillons, en Espagnol Farallones.
Terres plates ou basses, sont des lieux & plages ausquelles il y a fort peu de cale ou d'eau profonde breuia, breue litus.
Pareillement les riuages bas & sans remarque sont nommez terres basses.
Terres hautes, sont montagnes ou riuages de bonne remarque.
Remole, est vn contournement d'eau qui engloutit le vaisseau Vortex, vertigo, en Espagnol Remolino.
Les glaces, sont pareillement de grands dangers, les broüées, & les neiges espaisses, quoy que Pline lib. 2. cap. 103. ait voulu dire niues in alto mari non cadere, toutesfois il n'a parlé que de la mer Mediterranée, & non de la mer du Nort. Macrobius Saturnaliorum lib. 7. cap. 12. Scaliger Exercitat. ad Cardanum 37.
La chaleur & l'humidité engendrent dans les ais, membres & bois du Nauire, principalement s'ils ont esté coupez sur la racine à nouuelle Lune Des Caries. Crementis Lunæ abscisa ligna furfuraceis tinarum terebraminibus fistulescunt en termes élegans du Latin Africain Fulgentius Carthaginensis Episcopus. libro secundo Mythologiarum, les Latins d'Europe les nomment teredines, ce sont des vers vn peu plus gros que vers à soye, fort tendres, luisans d'humidité, mais qui ont la teste noire & fort dure, tenerrimus ligni vermiculus. lib. 2. Regnum. cap. 23.versiculo 8. lesquels rongent incessamment, & trouënt les planches & membres dés Nauires interieurement & insensiblement, qui mettent les Charpentiers en esmoy, & les Compagnons au trauail de tirer à la pompe. Petrus Martyr. lib. 4. decad. 3.
Cap, est vn Promontoire ou montagne sur la coste qui cour & aduance en mer.
Bec, pointe, langue, encouleure de terre, sont terres qui jettent & aduançent en la mer, ainsi diuersement nommées par la forme qu'elles representent, Isthmes, Peninsules, Chersoneses.
Baye, sein, ou ance, sont ouuertures que la mer pousse & s'aduance en la terre æstuarium: l'Italien dit golfo di mare, au Cap Breton pres Bayonne on le nomme Gouf.
Plage 'λπ' τγ πλαγίγ hoc est à latitudine unde Plagia est importuosa. Isidorus Originum lib. 13. cap. 16.
Quand vn Nauire cherche l'occasion d'entrer sur vn pas dangereux, il luy conuient louoyer, qui est passer & repasser au trauers d'vn bord & d'autre, enuiron le passage, sans s'aduancer, & ce pour temporiser, & bien à poinct prendre le pas & franchir le danger, l'Italien dit, Voltegiare con le vele suso, & le Castillan barloar, y bordear.
Le Canal entre deux terres, quand on peut passer à toutes marées, est nommé manche, destroit, l'Italien dit streto di mare: l'Espagnol Canal: Et s'il y conuient entrer du montant ou de plaine mer, c'est barre.
Mole, est vne Rade ou retraite des Nauires fait & dressé par artifice de main, comme celuy de Marseille, & le Soccoa que sa Majesté a fait edifier dans la Baye de Ciboure & S. Iean de Luz. Agger, porto manualmente fatto.
LEs maladies estranges, & tout à fait extraordinaires qui affligent les personnes sur mer, sont de grands Dangers, desquels ceux qui vont nauiger sont ou doiuent estre en soucy de se tenir nettement, & gouuerner la bouche.
Le mal de Mer surprend seulement la premiere fois qu'vne personne de delicate complexion, & non accoustumé monte sur mer. C'est vn douleureux soûleuement ou bondissement d'estomac qui fair rendre gorge, & vuider entierement tant par haut que par bas: ceux qui sont accoustumez à la marine se mocquent des malades, & n'en sont que rire, Patron, la nao ballancia, tened la, que quiero vomitar y cagar, dit le Castillan en la Floresta Española, De Sente[n]tias sabia y graciosamente dichas de algunos Españoles.
Autre douleur d'estomac prend sous la Zone torride, décrite par François Pyrard de Laual, laquelle saisit pendant la nuict; mais d'vne façon tant estrange que le malade ne peut quasi respirer, & ne fait que debattre & tourmenter: Cette douleur est causée par antiperistase que la fraischeur se gabionne & se resserre interieurement à l'orifice de l'estomac contre les ardentes chaleurs exterieurs. Le preseruatif est d'éuiter à prendre le frais de nuict, & la cure boire du vin pur, ou de l'eau de vie.
Le mal de terre, ou mal de gencines, Stomacacen Medici vocant & sceletyrben, ea mala, dit Pline, ςομαχάχη, Strabo Geograph. lib. 16. c'est auoir l'estomac depraué, vne grande fetur & puantise d'haleine qui blesse les genciues & fait tomber les dents, & prouient de manger trop souuent des viandes salées, espicées, & de haut goust, & pour boire le vin ou les eaux corrompuës: Les Alemans luy ont donné le nom de schoerbuth, les Portugais herber, plusieurs chargent cette maladie sans monter sur mer: on les connoist à l'haleine cadaueruse & vineuse qui fædam exhalant Mephitin, naifuement descripts en l'Epistre 13. du 3. liure de Sidonius Apolinaris, & par Lucretius lib. 6. De Rerum Natura. lesquels d'ordinaire meurent subitement. Pour le preseruatif & guarison conuient vser du chairs fraisches, & de fruicts, & sur tout temperer le vin d'eau pure & douce.
Spiritus ore foras tætrum voluebat odorem.
Rancida quæ perolent proiecta cadauera ritu.
Pour ne tomber en cette maladie les Capitaines de marine recherchent curieusement & acheptent bien cherement des poules fœcondes, galinas ponederas, dit l'Espagnol, qu'ils nourrissent dans le bord, pour prendre les œufs chaque iour, Iean Delery au chap. 2. de son voyage. Il se recontre des poules qui produisent deux & trois œufs le iour, Aristoteles. De Mirabilibus Auscultationibus.
Le suc de Coccos d'Inde, les oranges, les limons, & leur syrop sont souuerains, mais sur tout l'herbe aux cueuillers, βρετνιχ&η, Coclearia, le Sieur de Champlain la nomme Aneda, Mathiol sur Dioscoride Bistorte: Pline la nomme Britanica, mais il la décrit d'autre forme & d'autre couleur qu'elle n'est: Par le suc, ou ius de laquelle herbe les malades sont éuidemment & tout soudainement soulagez & guaris. Le Docteur Andræas Lacuna sur dernier chapitre du second liure de Dioscoride, dit que Coclearia est vne espece de Telephium, que llaman Cochlearia los herbolarios por tener formadas como cuchares las hojas.
Les riuages de la Tamise en Angleterre sont feconds à produire ce simple en abondance, Camdenus in Cantio pag. 200. les Anglois le nomment Scuruygrasse.
A ceux qui nauigent aux costes Occidentales d'Afrique & de Guinée, les grosses pluyes fœtides & virulentes qui tombent journellement en ces quartiers, causent des bubes & pustules sur la peau qu'elles mouïllent, sur les behuts & hardes engendrent certains vers qui mal traitent & font grands deplaisirs: le meilleur preseruatif est d'esloigner ces terres, & la cure est lauer souuent en eau fraische & douce. Mocquet en son quatriesme voyage.
La malacia san Iob, est le nom le plus ancien que les Castillans ont donné à la grosse verole, lors qu'ils en firent la conqueste auec les Isles Cuba & Spagnuola, en l'Inde Occidentale, depuis ils l'ont nommée Mal francese, à cause de la communication qu'ils en firent à Naples. Ce n'est pas vne maladie particuliere aux Mariniers, mais ils l'ont portée d'outre mer, ensemble le tres-precieux lignum sanctum, autrement nommé Guayac, qui en est le souverain remede: Elle fut inconnuë au parauant, quoy que Nicole Gilles où le supplement vueille dire en sa Chronique que Iules Cæsar en fut affligé.
Peut estre qu'il a voulu dite ou parler de Tibere Cæsar, lequel honteux des bubons & dartres que la paillar dise luy auoit causé, & rendu la face horriblement hydeuse & deffigurée, se retira en la campagne ou terre de Labour de Naples, pour y viure loin de Rome, hors de l'aspect du peuple, Cornelius Tacitus lib, 4, Annal. cap. 13.
Ce ne fut pas pourtant la grosse verole d'Espagne, mais vne rogne quasi semblable, tout autant dangereuse & deshonneste, nommée Mentagra & Lichenas, laquelle se communiquoit amoureusement au simple baiser, & ne s'attachoit qu'aux Nobles, & aux personnes de consideration, & de complexion delicate, méprisant la Populasse & les gens de labeur, Plinius libro vigesimo sexto, Natural. histor. cap. 1.
LEs naufrages Nauis fractio sont ordinairement causez ou par l'imperitie des Nautonniers, suiuant la remarque d'Aristote, secundo Physicorum, ou par la pesanteur de la charge, & foiblesse du vaisseau; la charge tend & pousse naturellement en bas & à plomb vers le centre de la terre.
De sorte que le Nauire estant agité & baloté pesamment d'vne houle sur l'autre, il arriue que le vaisseau ou partie d'iceluy se trouue quelque temps sans support, & cependant le poids agit tousiours & les deux mouuemens, dont l'vn & celuy du poids est direct, celuy de l'agitation est oblique, l'vn & l'autre font chacun grand effort: & pour vn troisiéme les fardeaux mal arrumez & mal rangez croulent par coste & font vn troisiéme mouuement dans le corps du Nauire, qui fait que les cheuilles du bastiment faussent & rompent, les membres & posteaux relachent & se disloquent, les ais ou les planches s'ouurent & creuassent, le radoub cede & sort des jointures, tant que le Nauire prend eau, & finalement coule à fonds.
Pour preuenir le mal heur en ces occurances, & pour se conseruer, le ject est necessaire, Echason à la mar de lo que vienne en la naue para saluarla, iusques à ce que la structure du vaisseau soit reconnuë assez forte pour resister & soustenir les secousses: ad Supernatandum & præstandum obsequia vndis Baconus cap. Motus ventorum in velis: & pour faire ject ou couper l'arbre, les coustumes de l'vne & l'autre mer prescriuent vn ordre que le Maistre & les Mariniers sont tenus d'obseruer, à peine du reproche, & d'en réspondre.
Comme aussi dans le peril conuient caposer ou mettre le Nauire à la cape, c'est à dire amarrer le gouuernail bien ferme & immobile pour suiure l'abandon du vent, abaisser les masts de hune ou matereaux, trousser toutes, les voiles sauf le Pafi, qu'on laisse boursoufler, d'autant que le vents s'enfermant en iceluy pousse en haut & releue le vaisseau, le soulageant beaucoup au hurt & à la tombée; C'est aussi l'office ou le seruice de la Siuadiere, laquelle prenant le vent sert plus à soustenir le Nauire & le dresser vers haut qu'à le pousser auant.
Il y a des Mariniers habiles lesquels preuoyant les tourmentes plongent en l'eau, seignent ou rident par bas tout le corps du Nauire auec des guerlins, nommez en Leuant Gommenes, c'est à dire grosses cordes, ce qui l'assiste & le rend plus puissant à resister aux secousses.
Quand les houles & vagues poussées rudement par le vent, frappent & froissent les mortes œuures du vaisseau, ce sont coups de mer, colpi di mare.
Bien souuent auant que la tourmente ne soit accoisée, il paroist de nuict sur le haut du vaisseau, au mast, à la cage, ou hune, & parmy les cordages des flammes de feu innocent & volage, grandement lumineux, & ce iusques au nombre de trois, que les Mariniers nomment, Saint Nicolas, Saincte Claire, Saincte Helene, Cardanus lib. 2. De Subtitlitate, les Portugais l'appellent corpo santo di Peter Consalues, les Castillans san Elmo, les Italiens la disiata luce S. Hermo.
Ma diede speme lor d'aria serena
La disiata luce di santo Hermo
Aristo canto decimo
Veduto fiammeggiar la bella face
nono
S'ingenocchiaro tutti nauiganti
Edomandaro il mar tranquillo, e pace.
Con humidi occhi, e con voci tremanti.
La tempesta crudel, che pertinace
Fu fin'alhora, non ando piu inanti.
Les anciens les nommoient quãnd il y en auoit deux Castor & Pollux, & les estimoient de bon presage, διόσχοροι.
Et quand il n'en apparoist qu'vn, Helene, à present on la nomme Furolle, qu'ils estimoient de mauuais presage, Plinius lib. 2. cap. 37. Themet au liure 7. De la Cosmogrophie cap. 12.
Les Mariniers saluënt ces feux quand il n'y en a que deux, auec leurs siffets, & s'en ejouyssent grandement comme indice asseuré que la tourmente cesse, ce qui toutesfois déplaist aux Turcs, qui à ce suiect rudoient & mal-traictent les esclaues Chrestiens de la Chiorme. Histoire de Malte liure 16. chap. 12. par 1. Baudouïn.
Videtur sane vnicus globus flammæ crudam significare materiam tempestatis; Duplex quasi coctam & maturam: Triplex vel multiplex copiam ægre dissipabilem. Franciscvs Baconvs Cancellarius Angliæ De Historia ventorum. cap. Prognostica.
GALION de France, de Malthe, d'Espagne, & Rambergue d'Angleterre, sont grands Nauires de guerre.
Naos de Portugal, Naues de Venice, en France & en Italie on les nomme, Carraques, sont les plus grands Nauires de charge, Nauf oneraires, Naui grosse, Naui da carriccio e carriche, en Espagnol Naos de carga, comme aussi Naos de armada.
E quiui vna carraca ritrouaro
Che per Ponente mercantie raguna.
Gatos ou Galeaces, Galée grosse, vaisseaux de la Mediterranée qui ont cent rames & cent bancs, Vilhelmus Tyrensis libro 10. rerum in partibus Marinis gestarum, capite vigesimo secundo.
Naues longæ, Liburnæ, Galée anciennement instruites de six ordres ou rangs d'auirons, quibus gradatim per tabulata distincta surgentibus, vndas alij longissimo alii breuiore vexabant impulsu, Hist. Hierosolimit. pag. 1167.
De maniere que Biremes auoit deux ponts ou tillacs, & tout autant de rangs d'auirons: Triremes trois ponts, Quatriremes quatre, & ainsi des autres, & à chaque pont vn ordre d'auirons. Lazarus Bayfius lib. De re Nauali.
A present on nomme Fregates les medioctes vaisseaux de cours, bien armez, qui vont à voiles & à rames.
Hourques, Fustes ou Flutes, sont du port au plus de trois cens tonneaux, Dulcones, Dromones, courteurs Naues onerariæ, Frumentariæ, en Italien coccæ & cocca mercacante, en Espagnol vrca.
Heus du Haure de Grace, Flandres & Angleterre, du port au plus de trois cens tonneaux sont equipez d'autre façon que les Nauires communs, le grand mast est au deuant auec estay, & vne petite trinquette courant de haut en bas, auec sa grand voile latine: sur le grand mast y a vn boursset, au dessus iceluy vne vergue sans voile, pour border le boursset, outre ce porte bonnettes en estuy: ses aubans vienne[n]t joindre au dernier, à la chambre du Maistre, ils ont Beaupré & Siuadiere à chaque bord ou coste, des grands bois en forme d'aisles ou nageoires de poisson, nommé Plates, affichez par des cheuilles de fer.
Caraueles, ont quatre masts & quatre voiles latines ou d'artimon, outre les bourssets & les bonnettes en estuy, sont vaisseaux de Portugal fort legeres & vistes à la voile, les plus grands sont pour le plus du port de six à sept vingts tonneaux, essendo le carauele di Portogallo i migliori nauilij che vadino sopra il mare di vele. Mess. Aluise de Cada Mosto.
Lin, vaisseau qui va par mer de tous vents & sans peril. Froissart chap. 14. du 2. volume.
Filibots, comme qui diroit fil de bord, rond, & qui n'ont aucune quarreure, semblables (quoy que plus petits) aux flutes, Mvscvli.
Nauires portent hune Nauios de Gauia, dit l'Espagnol, Nauios de alto borde.
Navis Prætoria, l'Admirale ναυαρχίδα, Nao Capitana, dit l'Espagnol, les autres nauires de guerre, Nauios de armada.
VAisseau, en Italien Vasello, vient du Grec φάοηλ_, en Latin Phaselus ou Faselus, la lettre Ph. ou F. changée en V. Phaselus est nauigium quod nos corrupte Baselum dicimus Isidorus originum lib. 19. cap. 1. à present le terme de Vaisseau est entendu comprendre toutes les especes de Nauires, Galeres, Barques & Bateaux.
Barques, sont Nauires sans hune. Barca, Naves negociatores quæ cuncta commercia ad littus portant. Isidorus, originum lib. 19. cap. 1.
Brulots ou Nauires Sorciers plains de feux d'artifice, Barcas de fuego chelandriæ pour à l'aduantage & faueur duvent pousser & brusler en l'armée en de l'ennemy. Iulij Frontini stratagematum. lib. 4. cap. 7. Luitprandus lib. 5. Histor. cap. 4. & 6.
Pataches, Polacres, sont vaisseaux armez pour le seruice des grands Nauires, & pour faire les découuertures & velitations. Celones exploratoriæ, Phaseli.
Par Ordonnance d'Espagne, les Naos ou Carraques ne peuuent mener de Patache ou d'autres vaisseaux de seruice, d'autant que la commodité d'iceux rend les Capitaines & Officiers plus nonchalans à conseruer le grand vaisseau, sous l'esperance qu'ils ont de guarantir leurs personnes dans les moyens.
Galiotes: vno remorum ordine instructa breuitate mobiles facilius flectuntur, & leuius discurrunt. Histor. Hierosolim. pag. 1107. sont de seize à dix-huict bancs nommées au Leuant Saiques. Celones quas Greci χέλητας vocant. Genus Nauiculæ velocissimum Fulgentius de vocibus antiquis. Nonij Marcelli. cap. De Genere Naugiorum Nauis acta aut actuaria remis labitur, & aquas sulcat carina Ambrosius Hexameron. lib. 5. cap. 1.
Fregates, Pinasses, Brigantines, Pinquets, sont vaisseaux de cours mediocres & legers, Arondeles de mer. Saettia que va veloce come saetta, barques longues en Latin Pistris.
Trauersiers, au Leuant Tartanes, sont vaisseaux de cours & de pesche qui vont à voiles & à rames, Celoces Parones, Mioparones, actuariæ naues.
Les Pinasses de Bayonne furent jadis nommées Conques, au rapport de l'Histoire de Florance lib. 8. chap. 77. certi di Baiona in Guascogna con loro Nauili loquale si chiamaua Conche Baionensi, passaro per lo streto di Sibilia, e venero in questo nostro mare corseggiando, & fecero danno assai. Budæus lib. 5. De Asse. pag. 251.
Brigantes, sont les Anglois Occidentaux, sçauoir les Comtes d'Yorch, de Richemon, de Ladclastre, Durham, VVestmorland & Comberland, desquels Tacite en la vie de Iulius Agricola dit, sunt Bellicosisimi, numerosissimi gentes feræ & latrociniis maritimis infames. Pasquier au liure 7. chap. 41. Des Recherches.
C'est à VVestmorland qu'est situé le Compte de Candale sur la dale ou le canal de la riuiere Ken, dont le nom est composé Kendale, fut jadis Baronnie, le terroir fort pierreux, & peu fertile, le Roy d'Angleterre Henry VI. l'erigea en Comté, en faueur de Iean de Foix Bourgeois de Bourdeuax, dit Camdenus in Britannia 4. volume du grand Athlas page 346.
Maisons nauales, Paradæ. Ausonius Epist. 2. ad Theonem. Sidon. Apollinaris Epist. 12. lib. 8. dans lesquelles maisons nauales, peintes, vernissées, dorées, vitrées & tapissées, le Roy, les Princes, les Archeuesques & les Gouuerneurs sont portez à Bourdeaux à leur premiere entrée, & sont beaucoup plus belles, plus agreables, que les Gondoles de Venise, ou les Tones de la Chine: on dit encore la chambre de parade.
Tortues, postes, sont vaisseaux qui ont le pont esleué comme vn toict de maison pour tenir les soldats ou les passagers, & leurs hardes à couuert.
Heus & Gabarres, sont vaisseaux de seruice, de charge & descharge, Naues apertæ, αφραχτα.
Paquebouc, sont vaisseaux de passage, qui trajectent ordinairement de Calais à Douures en Angleterre pour les passans & Messagers.
Vaisseaux pontez, Naues tectæ & constratæ, non pontez sont nommez GERMES en Ægypte sur le Nil.
Lembi, sunt naues ad Traüciendum, quorum usus & in mari & in fluminibus. Chaloupes, Falouques. Lembus Genus Nauiculæ velocissimæ quas Dromedas dicimus.
Naues pleno alueo, Couraus & Galoupes.
Linter, Nauicula est ad flumina traiicienda ex arbore excauata ad nauigij formam: Bacs, Tos, Macqualets, trabariæ quæ ex singulis trabibus cauantur Isidorus Originum lib. 19. cap. 1.
Rates sunt connexæ Inuicem trabes schedia, Radeaux, Rasch. Oria dicitur nauicella Modica piscatoria Filadiere
Carabus parua scafa ex vimine facta quæ contexta crudo
Corio Genus Nauigij præbet Isidorus lib. 19. Originum cap. 1.
Et enuoyent les Anglois plusieurs Naceles & Batelets, faites & ordonnées se subtilement de cuir bouïlly, que merueilles estoit à regarder. Si Pouuoient bien estre trois hommes dedans pour ayder à nager parmy vn Estang ou vn Viuier à pescher à leur volonté, dequoy ils eurent grand ayse sur le temps du Caresme. Froissart au chap. 210. du volume permier.
Pontons, Genus nauium Gallicarum, dit Cæsar lib. 3. Belli ciuilis, qui ont le bout quarré à receuoir les cheuaux & fardeaux pour trauerser les fleuues & riuieres, Froissart au chap. 72. du troisiéme volume. A present on nomme Ponton vn gros vaisseau à plat fonds, garny de mast, de cabestans, d'auis & autres machines seruant à faire faire carene aux grands Nauires, à les releuer, à nettoyer les ports, à draguer & tirer les vases, pierres, ancres, bateaux, naufrages & autres empeschemens qui offusquent & comblent les ports.
Esquif: lenunculus scapha έφολκις κατασ_πος: Palischermo, eschiffo en Italien, & en Espagnol Esquife: Scaphæ sont aussi Chaloupes, quæ maioribus liburnis exploratores sociantur, quas Britanni pyctas vocant, dit Vegece lib. 4. cap. 37. de Re militari. Peut estre que ces Pyctas ont conserué ou transmis partie de leur nom aux Pataches de present.
A Gellius Noctium Atticorum lib. 10. cap. 25. fait le denombrement des Vaisseaux des Anciens, & de leurs noms.
Au surplus c'est chose bien difficile de comparer justement les vaisseaux des anciens à ceux de present:Tacitus lib. 2. Annal. Chasque nation a eu, & tient encore sa forme & sa fabrique aucunement differente des autres, Liburnæ à Liburnia Dalmatiæ dictæ, Naxiurges à Naxo insula, Cnidurges à Cnido, Cercures à Corcyra, Phaseli à Phaselide, Parones à Paro, Myoparones ab vtraque forma earum nauium quæ fieri solebant in Myunte & paro, dit Vegece lib. 4. de Re militari cap. 33. Paro nauigium piratarun Mioparo quasi minimus Paro.
Les François & les Espagnols pour expliquer le port & capacité d'vn Nauire disent: il est du port de tant de tonneaux. Les Flamans & les Anglois disent de l'Est, vn l'Est se prend pour deux tõneaux, & le tonneau pese deux mil liures, à seise onces la liure, chaque tonneau tient ou comprend neuf septiers mesures de Paris ou sept charges: chaque charge le poids de trois quintaux, à cent liures le quintal de quinze à seize onces la liure. Ordonnance de l'an 1567. article vnze incerée en la conferance au liure 4. titre 10.
LA Quille & la Carlingue, sont deux grandes & les plus basses pieces du Nauire: c'est le fondement de tout le bastiment, & ce que le dos est aux animaux, Lactantius de Opificio DEI: Bomé en Flamand.
Sur la carlingue, qui est la piece interne, sont rangées les costes nommées Membres ou Varengues, auec les Begres qui sont les rebords ou ceintures par le dedans pour tenir les Empatures affichées à grands cloux: A suite & continuation desquels membres du fonds sont adjoustez les posteaux jusques au haut, à vn deux ou trois rangs de posteaux, suiuant l'edifice: c'est ce qui ressemble les costes d'vn animal & forme la carcasse ou coffre du Nauire.
On nomme particulierement Carcasse du Nauire le derriere, & cette partie sous la pouppe au milieu de laquelle le gouuernail est afficé à vne piece nommée le pau, autrement l'Estambor.
Les planchers ou diuers estages sont appellez, Ponts ou Tillacs, Tabvlata, l'Espagnol dit cubierta y puentes, l'Italien la couerta de la Naue: l'espace qui est sous l'inferieur est appellé fonds de cale, c'est vne fort mauuaise demeure à cause du deffaut de lumiere & d'air, & de la sentine, qui est l'eau puante & ordures.
Le Balast ou l'Est dit en Latin Saburra, en Italien Zauorra, en Espagnol Lastro, est le sable, arene, cailloux ou quintelage, pour tenir par la pesanteur & contrepoids le vaisseau sous bout, σαβχζατομ & sæpe lapillos, vi Cymbæ instabiles fluctu iactante saburram, tollunt. Virgil. Georg. 4.
Le pont de haut est nommé premier Tillac; stega, en Latin, id est nauis proscenium tabulatum super quod Nautæ ambulant, aux Nauires de guerre il est sur le milieu percé en treillis, & ouuert à quarreaux, pour eauporer la fumée de l'artillerie qui joüe au dessous, & tel pont est nommé Pont de caillebotte.
La longue piece qui fait l'eschine de ce pont est nommée quille de pont.
Les ouuertures du Tillac pour descendre au dessous sont nommées Illoires, escoutes, escoutilles, escoutillons des plus grands aux plus petits, & les couuercles ou fermures d'icelles Panneaux.
Baus, sont les cheurons qui soustiennent le tillac & la rondeur du vaisseau par haut, & les courbatons par les bas.
Les Nauires equippez en guerre ont au dessus vn pont de Reth ou de corde, sur lequel aux occasions le Capitaine se fait voir auec la hassegaye, ou le cimeterre & coutelas nud en main, qu'on nomme sabre, & son bouclier de l'autre costé, faisant des brauaches desmarches.
Les soldats sont au dessous le pont de Reth auec le mousquet & les demy-piques, suiuées d'vn pied & demy du bout ferré.
Les Canonnieres qui sont ouuertes en quarré sont nommées Sabors, anciennement Comportes, & autant qu'il y en a de rangs l'vn sur l'autre, c'est autant de bateries ou de ponts.
Les ceintures & les rebords qui sont le long du Nauire au dessus & dessous les Sabors (sur lesquels les Matelots marchent, montent & descendent) sont nommés Percintes: celles qui sont au dedans Begres.
Le bec au bout de la proüe, est l'Esperon έμ_ολςν. Petronius Arbiter Satyricon cap. 30. en Latin Rostrum, Rostrata Nauis, c'est vne Galere. Calcaribus rates hostium transfigebantur percussæ. Histor. Hierosolimit. pag. 1107.
Les bois qui croise au dessous de l'Esperon & vise à la vague est nommé Boutolof, lequel sert pour tenir les couëts de Misaine.
Les cordages qui ammarrent l'Esperon & le beau pré sont nommez Rides, Rider est à dire lier bien serré. Les ouuertures rondes qui sont à costé de l'Esperon, par lesquels les cables des anchres halent & filent, sont nommez Escaubans.
Haler, est tirer à soy, Filer est lascher, hinse est tirer en haut, largue est tirer à costé: ce sont paroles de commandement.
Le bord ou bordure qui aduance au bout du vaisseau, dépuis la Quille jusques à l'Esperon, est nommé l'Estraue.
Les Nauires ont deux Theatres, l'vn à la proüe, l'autre à la pouppe, qui sont nommez Chasteau deuant, Chasteau dernier: comme aussi Gaillard deuant, Gaillard dernier. Καταστζώματα. A plustria.
Ce sont aussi des bois esleuez, d'autres de trauers cloüez, Castilles de lisses & Pontilles, comme des Gardefous pour appuyer & retenir ceux qui marchent dessus, ce que l'Espagnol nomme Varandas.
A la pouppe sur le gouuernail est la chambre du Capitaine ou du Maistre, peinte, vernissée, dorée, & vitrée, autour vne galerie dorée ou peinte, à costé des petites tours, puppes turritæ. Virgil. Æneid. 8. des petits culs de lampe, Columbaria. Anciennement la gallerie souloit estre ouuerte: mais à present à cause des pots à feu Gregeois depuis les guerres de la Rochelle, on les fait couuertes, ou bien sont employées pour eslargir d'autant la chambre du Capitaine.
En plusieurs Vaisseaux sur la chambre du Capitaine, y en a vne autre pour le Pilote, la dunete, dun ou dunum en vieux langage Gaulois signifie Montagne, Cæsar en ses Commentaires.
Au deuant la chambre du Capitaine, au milieu de la largeur du premier tillac, & à couuert, est le Bitacle, fait comme vne armaise à tenir la chandelle du quart allumée, la cloche du quart, les compas, & les horologes de sable, c'est deuant iceluy que se tient celuy qui manie le gouuernail.
Le Heaume ou Timon, est vn manche attaché au gouuernail, Clavvs, lequel timon, celuy qui gouuerne manie par le moyen du Gousset, qui est vne grande barre, laquelle respond auprez du bitacle, à vn petit virolet de fer ou de bois rond.
Pour sortir du lieu ou chambre du bitacle, il y a deux portes vne de chasque bord, entre lesquelles est le grand mast, au milieu de la largeur est le Capestan, ou Cabestan au Leuant on le nomme Girelle: Ergata, c'est vne grande machine laquelle tourne auec barres, enfile les chables qui leuent les ancres, & les autres fardeux; & la petite piece de bois cloüée au tillac, & mobile par vn bout pour l'arrester, est nommée Linguet.
On dit pousser au Cabestan, pour expliquer cette manœuure. Les Vaisseaux qui n'ont pas de Cabestan, ont au lez du chasteau deuant vne autre machine pour leuer l'ancre qui tourne à barres de haut en bas, nommée Guindeau, & Virebot, Svcvla la piece de bois sus bout, sur laquelle se hale le cable, est nommée Dauias. La chambre du Canonnier, le magazin, & la soute, en laquelle se garde le biscuit, & les autres prouisions sont sous la chambre du Capitaine, & le timon du gouuernail.
Le foyer & cheminée, est nommé Fougon, les licts qui sont la pluspart emboitez autour du Nauire, sont nommez Camagnes, Caiutes, & Capites.
Souc de drisses, sont en nombre, l'vn pour le grand mast, l'autre pour le Mast de Misaine, l'autre pour l'Artimon: ils sont faits en forme de teste de Turc, de marmot, ou autre crotesque: Ils comprennent trois Rouaus d'airain, l'vn pour guinder le mast de hune, & le mettre haut ou bas, les autres deux pour mettre la grande vergue haut ou bas, prest pour tourner au Cabestan si mestier est.
Les pompes, bombe en Espagnol, trombe en Italien,
Altri attende à la trombe, e a tor di naue
L'acque importune, e il mar n'el marrifonde,
Il y a la longue barre de fer pour tirer la boëte, & pour sonder s'il y a force eau ou quelque empeschement dans la pompe.
Plusieurs Nauires ont trois pompes, mesme vne dernier prez de l'Artimon: Le receptacle de la sentine au bas de la pompe & du Vaisseau, est nommé Archepompe.
L'Anchre, son Anneau est nommé Argan ou Arganet, en Espagnol arganel, l'Essieu, est vne grande piece de bois qui le croise soubs l'argan: & les petits aduancemens de fer pour l'enchasser & tenir ferme l'Essieu, sont nommez Couillons.
Brosser l'Anchre, c'est la mettre à sa place sur les trauersins, carpar en Espagnol signfie leuer l'anchre, les Mariniers François disent aussi Serper, & ancres serpées, Démarrer: ensemble les Italiens l'anchore sarpa, e sa girar la proda verso ponente & ogni vela snod' a.
Aristo Canto decimo otavo.
On dit, Ancrer sur trois, quatre, ou tant de brasses, pour expliquer la profondeur de l'eau, Vaisseaux qui dorment à l'Ancre, faire fonds, moüiller l'Ancre.
Les ancres ont des pates, & les pates deux oreilles.
Anchre de Flot, est celle qui tient le Nauire au Montant: Anchre de Iussan, est celle qui tient le Nauire au descendant.
Grapin ou Harpeau, sont des mediocres ou petits anchres qui ont quatre pates.
Anchre de Touei, sont des moyens anchres seruans pour r'appeler le Nauire à la Mer, quand la tourmente ou le vent le jette à la coste: les Leuantins nomment cette manœuure Nager sur le fer.
Le Nauire estant en Rade ou en port, gissant sur ses Anchres, l'Equipage est obligé de mettre vne grosse piece de bois, amarrée à l'Anchre qui flotte sur l'eau: laquelle sert pour indigiter l'endroit & lieu de l'anchre, & telle piece est nommée Bonneau, Hoyrin & Aloigne.
L'anchre à chasse, ou Rusé, quand elle cesse de tenir.
Vn Nauire bien équipé doit auoir quatre bons anchres, ou trois pour le moins garnis de chables.
Les paremens d'estofe, ou toile peinte le plus souuent en rouge tendus tout à l'entour du Nauire, & l'enuiron des hunes d'iceluy sont les Pauois Pauesades, ou Bastingues, on dit vn Nauire bien pauoisé, comme aussi bastinguer le Nauire: In superioribus tabulatis Clipei per gyrum disponuntur conserti. Histor Hierosolimit. pag. 1167.
Le Falot ou Fanal, est la lanterne dorée, sur son chandelier au plus haut de la pouppe, l'Admiral a le falot de trois lanterne, le Vis-Admiral de deux, & les autres Nauires de guerre d'vne, lumina in Nauibus singula rostratæ, bina onerariæ haberent, in Prætoria Naue insigne nocturnu[m] triu[m] luminu[m] fore Liuius lib. 9 Decad. tertiæ.
Quand on est sur le Nauire la face tournée vers la proüe, le costé ou la partie dextre est Destibor, le senestre Basbor, les Leuantins disent Poge pour la main droicte, Orse pour la main gauche, Poggia, Orsa, dit l'Italien, poggia è quella corda che lega il capo dell' ante[n]na da man destra, Orza e quella che lega da man sinistra, l'Espagnol dit, lado derecho, la parte isquierda: comme aussi le costé vers la mer est dit olof, & le costé vers la terre est arriue.
La seilleure ou l'acquade, c'est l'erre ou la voye du Nauire qui paroist en calme quand il a passé, seiller ou silloner, est tracer cette voye Svlcare solcando di Nettuno il vasto regno dit Arioste.
LEs Nauires communs ont d'ordinaire quatre Masts: mais les Galions, Naos, Naues, & les grands Vaisseaux ont double artimon qui fait cinq masts, tous les masts sont en ligne droite au milieu de la largeur du Nauire. Baconus Cancellarius Angliæ in historia ventorum. cap. Motus ventorum in velis.
L'Arbre ou le grand mast, est proportionné, & de pareille longueur iusques à la premiere hune que la quille du vaisseau, le bout de bas est enchassé dans la carlingue.
Et d'autant que rarement les Charpentiers peuuent rencontrer des masts assez gros & puissans pour les grands vaisseaux: ils plaquent & rident bien serré de grandes pieces d'autres masts de long en long pour le renforcer, & pour de plusieurs masts en faire vn, ces pieces sont nommées Gemelles, Gaburons, Coustons, Parastatæ, & le mast ainsi fait est dit Gemelle, Costonné, sur-lie.
On dit Mast affusté, quand il est anté, sçauoir quand il y a des pieces rapportées par le bout haut, lesquelles pieces sont nommées Gauteiras, & sont au dessous la hune, seruant pour passer léstague de la grande vergue, & la guinder: dans iceux Gauteiras y a deux rouëts de metal, à ces fins l'vn bas bord, l'autre destibort.
Au bout haut de l'arbre est la hune, & sur icelle s'esleue le grand mast du Boursset ou de hune, attaché audit arbre auec vne piece de bois trauersant, nommée Cap de more.
Et derechef au bout haut du mast de hune les grands vaisseaux ont vne autre hune moindre, sur laquelle s'esleue le mast du grand perroquet, aussi attaché de la mesme façon par vn cap de more au mast du Boursset & sur le haut bout du perroquet est le baston du pauillon.
Le second Mast est le mast deuant ou de Misaine, vu peu plus petit que le grand, lequel sort du chasteau deuant: Son bas bout est enchassé dans la fourche de la carlingue sur l'Estraue: aux grãds vaisseaux il porte pareillement deux hunes, & si est composé de tout de parties que le grand, mais par differance ont l'Epithete de Misaine. Mast de misaine, boursset de misaine, perroquet de misaine, & le baston du pauillon, le tout attaché par des caps de More comme au grand mast.
Le troisiéme mast est le Beaupré, couché au deuant sur l'Esperon, le bout bas est enchassé sur le premier pont au dessous du chasteau deuant, auec vne grande boucle de fer & deux cheuilles aussi de fer qui gouspillent ou sortent entre deux ponts: le bout qui aduance porte hune & sur icelle vn mast de Perroquet auec vn baston de pauillon.
Sur la pouppe & le gaillar dernier, sort le masts d'Artimon, lequel aussi peut porter hune: & sur icelle vn perroquet & vn baston de pauillon: le bout bas s'enchasse à la chambre du Canonnier. Aux grands bastimens il y a d'ordinaire deux masts d'Artimon, & y en a qui ont boursset & perroquet.
LEs antennes ou vergues, qui portent les voiles, sont amarrées à leurs masts, & prennent leurs differences & denomination d'iceux, la grand vergue, la vergue du grand boursset, du grand perroquet, la vergue de misaine, boursset & perroquet des misaine ou de deuant & ainsi des autres.
Vergues de beille, qui est à dire de surcroist, sont des mastereaux ou grandes pieces de bois, qui estant de costé & d'autre du Nauire, seruent ou sont employez à faire des vergues ou mastereaux à la necessité, & à cause de ce sont nommées mastereaux ou vergues de beille.
L'Artimon, a deux sortes de vergues, l'vne Latine fort longue & de trauers comme les vergues de Galere, & celle là porte la voile d'artimon: outre ce il y a la vergue du perroquet, & au dessous la hune vne autre vergue lequelle ne porte pas de voile, mais sert seulement pour border la voile du perroquet, affin de la tenir estenduë par bas; les voiles superieures sont bordées par le bas aux bergues des voiles inferieures, à cause dequoy lesdites voiles sont beaucoup plus larges par bas que par haut.
Les vergues sont jointes aux mast, & courent le long d'iceux de haut en bas par le moyen des Racques ou Raccage, qui sont en partie faits & enfilez comme gros grains de Chapelet d'Hermite.
LA grand voile est nommée Pafi ou grand Pafi. Acatia, au bas de laquelle s'adjouste aux occasions vn autre grand piece de voile auec aiguilletes ou cordillons, laquelle on nomme Bonnette: au dessus est la voile du grand hunier ou grand boursset, & plus haut est le grand perroquet, toutes ces moindres voiles sont nommées Dolones.
Du temps de Iules Cesar les Bretons faisoient les voiles de mesme estofe que les bourses, Pelles pro velis alutæque tenuiter confectæ. lib. 3. Comment. Cæsaris, & Sidonius Apolinaris, Cui pelle salum sulcare Britannum ludus carmine 7. versu 370.
La grand voile de misaine est aussi nommée Trinquet, porte bonnette, au dessus est le boursset de misaine & perroquet de misaine.
La voile du Beaupré est nommée Siuadiere, Siparvm sur, laquelle est le perroquet de Beaupré ou de Siuadiere.
Voile d'Artimon, ample & large du bas bout, estroite & pointuë par haut, porte aussi bonnette. Perroquet d'Artimon, grand & petit artimon, le grand est le plus proche de l'arbre.
Bonnettes en estuy, sont certaines voiles qui se posent à costé de la grand voile, & au bout de la grand vergue quand on est chaffé par l'ennemy, ou qu'on vent donner la chasse, & se mettent l'vne bas bord, l'autre d'estibord. Alicat sur la loy Malum Navis. D. Verbor. Significat. explique ou prend Artemon pour vne bõnete en estuy Artemon velum est addititiu[m] dirigendæ nauis causa.
Medrignac, c'est la toile à faire voiles. Toile Noyale d'aune de large est forte toile à faire les grands voiles.
Voiles frelèes ou troussées, est à dire pliées sous la vergue: defrelées separées de la vergue.
Caler & ameiner, est abaisser, vnde apud nautas calare, ponere dicitur Isidorus originum lib. 6. De librariis. Hinse, est hausser: Cargue, déploye, ce sont paroles de commandement.
L'Italien dit, collare, cioë, inalzare o tirar suso, & vela e a collo, o in colla, quando quella e tirata in Cima all' albero: contrario si dice calare cioè descendere demittere da alto al basso, l'Ordonnance des Riuieres 1570. article 5. vse du mesme terme Pousser au col contremont les bateaux par les Riuieres, le vulgaire dit tirer la corde, comme aussi on dit caler voile.
Les proportions des voiles entre elles, les masts & le corps du Nauire sont iustement representez par le Chancelier d'Angleterre Bacon, cap. de Motu ventorum in velis nauium. Et par Cardan. lib. vndecimo. De rerum varietate. cap. 54.
C'Est le Cordage que le Nauire a besoin en plus grande quantité: il y en a pour amarrer & faire tenir le corps du Nauire, autres pour rider les membres, autres pour l'vsage & gouuernement des voiles, autres pour le commun, & à tout office ou seruice, les cordages par terme general sont nommez Sartie, en Espagnol Xarcia ou jarcia.
Pour le corps du Nauire sont les cables des ancres, maroma, en Espagnol, tortissa, en Italien, Anchoralia, trois pour le moins: Grand chable, second chable, chable d'ordinaire.
Guerlin ou Chableau, est vn chable mince pour Touer le Nauire, ou pour porter vne anchre de Touey à quartier, afin de dégager le Nauire qui sera poussé par le vent sur la coste, & le rappeller à la mer en nageant sur le fer.
Aux Nauires du long cours, le Nauire doit estre fourny de plusieurs chables neufs, plusieurs anchres & double garniture de voiles qu'on nomme Voiles de sobre.
Quand deux Nauires sont gissans en rade accostez ou sur vn seul anchre, les pieces ou bouts de chables qui se mettent entredeux pour rompre le heurt, & garder qu'il ne se froissent ou n'offencent l'vn l'autre, sont nommez Deffences.
Tous grands cordages sont au Leuant nommez Gummenes ou Gmmenes [sic].
Haussiere, est vne corde pour Touer le Vaisseau, ou pour jetter aux Chaloupes qui abordent, ou pour amarrer l'esquif.
Corde de quarantaine ou quarantenaire, est vne corde pour petasser les autres, & faire toute sorte de seruice dans le bord.
Garssete, & fil quarré, sert à fourrures & tressez pour les chables: c'est les tortiller & couurir aux fins de les conseruer, laquelle fourrure les bons ménagers couurent encore de toile, estimant que par ce moyen le chable est renforcé contre le Doussin ou Eaux d'amont, & moins sujet à pourriture: sert aussi le fil quarré à faire Couillars & Garssetes, necessaire à trousser les voiles.
Filet de Merlin, sert à freler les voiles dans les Marticles, ensemble pour freler les autres voiles suiuant le besoin.
Rabans ou Comandes, sont petites cordes que les garçons portent à la ceinture, faites à deux cordons, seruent pour toute sorte de manœuures, & de seruice au besoin.
Tous ces filets sont faits de vieux chables ou cordage éfilés, & seruent pour attacher les voiles & cordage à la necessité: les garçons ou pages doiuent toûjours auoir des rabans, & du fil quarré à la ceinture à peine du fouët.
La corde qui tient la grand voile à la grand estague du grand mast, est appellée Couillard, & les autre ensuiuant Garssete.
Les longues cordes de la sonde ou du plomb, sont nommées lignes ou cordeau, CATAPORATES, l'Italien dit lo scandaglio. Isidorus originum. lib. 19. cap. 4.
LE grand Estay est vn grand cable qui pre[n]d du bout au dessous la hune du grand mast, & vient finir de l'autre bout à l'Estraue deuant le mast de misaine à vn grand cap de mouton ou polie affichée à vne cheuille de fer qui prend l'Estraue.
Tous les autres masts de boursset, de perroquet, ensemble du mast de misaine ont Estay; & c'est ainsi que sont nommées ces longues cordes qui passent & descendent d'vn mast à l'autre, lesquelles supportent d'autre cordes.
L'Estay du grand mast de hune tire & descend depuis la hune du grand perroquet iusques à la hune du mast de misaine, attachée auec vne poulie courante au dessous la hune dudit mast de misaine, & de là descend bas.
L'Estay du grand perroquet descend au mast de hune de misaine.
L'Estay du baston du grand pauillon respond au bout du perroquet de misaine.
L'Estay de misaine respond, & d'ordinaire finit en Marticles sur enuiron les deux tiers du beaupré.
L'Estay du hunier ou boursset de misaine respond au bout du beaupré.
L'Estay du perroquet de beaupré se rend sur l'Estay de misaine en Marticles.
Le grand Artimon a vn Estay qui vient descendre au pied du mast sur le tillac, & vn autre Estay du perroquet qui se fourche, & se va terminer en marticles aux Aubans du grand mast.
L'Estay du petit artimon finit au pied du grand artimon.
Aubans, rvdentes sont les grands cordages qui amarrent les masts de bord & d'autre du nauire, à trauers lesquels sont les Enflecheures ou eschelons par lesquels les garçons montent à la hune.
Les aubans sont amarrez au bord du vaisseau auec double rang de Caps de mouton, qui sont pieces de bois en ouale ferrées à l'enuiron: les Caps de mouton qui sont affichez au corps du Nauire, sont fermez auec des barres de fer: les autres se tiennent aux aubans, & se peuuent prendre & reprendre, & sont ridez aux autres auec des bouts de corde.
Les Masts de hune & de Perroquet ont pareillement des aubans, lesquels sont amarrez aux hunes; sçauoir au grand hunier quatre par bande, au hunier de misaine trois, au perroquet deux, le tout neantmoins à la proportion de la grandeur du vaisseau.
Outre ce il y a deux Galaubans de hune qui descendent depuis le haut bout du grand mast de hune, iusques au bas sur le tillac, l'vn amarré bas bord, l'autre destibord: au grand perroquet pareillement deux Galaubans qui commancement au bout du haut, & descendent bas sur le tillac, dernier le grand mast prez la chambre du Capitaine, le semblable est au mast de misaine.
Le grand artimon n'a ordinairement que trois ou quatre aubans de chaque bord, & le petit attimon deux, le tout neantmoins suiuant la grandeur du bastiment.
LEs Voiles ont besoin de plus grande diuersité de cordage pour estre soustenuës & gouuernées par compas, & par raison: mais toutes les voiles sont officiées de cordes de mesme nom & semblable office.
Les cordes des voiles sont nommées en general Manœuures, OPIFERI FVNES: l'vsage & practique d'icelle est dit faire les manœuures.
Les drisses, seruent pour tirer l'Estague, aux fins de hinser ou d'ameiner les voiles.
L'Estague se tient aux drisses, & passe dans le grand mast, ou autrement sur des Roüaux qui sont à costé du mast, l'vn bas-bord, l'autre destibord, attachez sous la hune: laquelle estague empoigne, & tient la grande vergue; La drisse tient l'estague, & par le bout de bas s'amarre, & s'arreste au marmot nommé souc de drisse.
Fanons & Marticles, qui sont bouts de corde finissant en plusieurs cordillons, comme vne main estenduë, & les doigts ésparpillez seruent à haler les coins des voiles.
BAlancines, sont les cordes qui tiennent & prennent au bout des Vergues auec des petites polies, & vont réspondre au dessous des hunes ou au bout du Mast: representans auec la vergue des triangles à droites lignes de fort bonne grace: les balancines sont toutes doubles, & se rendent bas bord & destibord dernier le mast, de là viennent finir bas sur le tillac.
La grande vergue de l'artimon n'a pas de balancines: mais au bout de bas est amarrée aux aubans par deux bras, & au bout de haut amarrée par des marticles qui sont des cordages, lesquels procedent en vne corde du haut bout du grand hunier, & à l'endroit ou à l'attouchement de la vergue de l'artimon se fourchent en plusieurs articles ou branches.
Au Vaisseau qui a petit artimon, les marticles du bout de la vergue procedent du haut du perroquet du grand artimon.
Les balancines de Siuadiere sont amarrées au bout du beaupré, & seruent aussi pour border le perroquet, & y a deux polies courantes, dont les cordes viennent finir au grand Chasteau deuant, & outre ce aux deux tiers de la vergue de Siuadiere y a deux polies doubles, l'vne bas-bord, l'autre destibord, & de grand cordage pour tenir ferme la vergue, & le tout se rend au chasteau deuant.
LEs Bras de voiles, sont cordes qui tiennent aussi les vergues par chasque bout amarrées à icelles auec vne polie, & tirent en arriere, & par le dernier pour gouuerner lesdites voiles.
Les bras de voiles de haut de misaine répondent aux estays qui se rencontrent derriere, & par des petites polies descendent bas; sçauoir les bras de misaine répondent au grand estay, & de là descendent bas sur le tillac.
Les bras du boursset de misaine, à l'estay du grand mas de hune.
Les bras du Perroquet de misaine, à l'estay du grand perroquet.
Les bras du grand boursset répondent à des petites polies à l'artimon, l'vn est attaché au bout de l'artimon, & l'autre vient à quelque demy brasse plus bas auec deux polies courantes, & viennent à deux autres polies qui tiennent dans les grands aubans, de là sur le tillac.
Les bras du grand perroquet répondent au bout du perroquet de l'artimon aussi par des petites polies.
Les bras de Siuadiere répondent à l'estay du mast de misaine par des polies, & viennent finir dans le chasteau deuant, & sont les bras amarrez auec des polies doubles, non au bout de la vergue comme les autres, mais aux deux tiers d'icelle, l'vne bas-bord, l'autre destibord.
BOulines, sont les cordes amarrées à la voile de châque lez ou bord vers le milieu d'icelle, pour luy faire prendre Vent de Bouline, ou de costé, & comme les bras tendent au dernier du Nauire, celles cy tirent vers le deuant, & répondent auec des petites polies aux estays: & quoy que la voile soit defrelée, toutesfois les boulines demeurent tousiours en position auec le reste de la garniture.
Les boulines du grand perroquet répondent à l'estay du grand perroquet par des petites polies, tirant au mast de hune de misaine, & de là en bas.
Les boulines du perroquet descendent le long de l'estay au bout du perroquet de beaupré, & de là tout le long du perroquet viennent finir dans le chasteau.
Les boulines de misaine répondent aussi au beaupré deuant.
Les boulines du grand boursset viennent toucher par des petites polies à l'estay du grand mast de hune, & de là vont à d'autres polies amarrées aux aubans du mast de misaine, & répondent bas.
Les Boulines de la grand voile vont répondre contre le pied du mast de misaine amarré à vne polie.
Les boulines du perroquet d'artimon finissent dans les grands aubans.
LEs Cargues sont cordes, lesquelles seruent à trousser, freler, & defreler les voiles, & se tiennent par le dedans de la voile a la vergue prez du milieu à certaines polies, & de là tirent droitement à l'angle & bout de la voile, où c'est qu'elle est bordée auec la voile de dessus: celles des grands voiles descendent sur le tillac, celles des perroquets viennent & s'attachent dans les hunes.
Les Cargues du grand boursset répondent bas dans les aubans sur le tillac, l'vne bas bord, l'autre destibord.
Cargues de pointe, sont par dedans la voile, & répondent aux angles ou pointes d'icelle.
Cargues fons, sont au bas de la voile pour la débroüiller.
Cargue le boursset ou le perroquet, est parole de commandement, & signifie serre ou trousse les voiles, & à contre-sens deplie ou mets au vent.
LEs Escoutes, & Couets, tiennent au bas angles des voiles de chaque bord.
Les escoutes sont cordes doubles, & seruent pour tirer le bout de la voile arriere vers la pouppe: les Coüets sont cordes simples, mais plus grosses que les escoutes, & seruent la voile deuant aux amures.
Amure, c'est l'attache deuant contre le chasteau.
La Siuadiere à deux couëts, & ses escoutes viennent se rendre enuiron deux ou trois pieds des escoutes de misaine: & toutes les autres manœuures du beaupré sauf ces deux répondent au gaillard deuant.
Les grands Couëts de la misaine descendent à l'Esperon du Nauire ou au boutolof, & sont amarrez à deux polies, l'vne bas-bord, l'autre destibord.
Les escoutes de misaine viennent droit au grand mast, l'vne bas-bord, l'autre d'estibord.
Les escoutes du boursset nommez Escoutes de hune, seruent à border le boursset, & répondent au pied du mast.
Le boursset & le perroquet n'ont pas de coüets.
L'escoute du grand artimon finit au dernier du Nauire auec vn Boutehors, au bout duquel on amarre vne polie pour border l'escoute du petit artimon.
CEux qui garnissent les grands vaisseaux, se delectent de faire aux occasions à chaque bout de corde, plusieurs articles ou Marticles, particulierement à costé des grand voiles, qui les embrassent & serrent quand il les conuient freler ou trousser, nommez Fanons, comme aussi en mettent au bout de la vergue d'artimon sur les estays & les aubans, & les petites polies par lesquelles passent les boulines ou les bras, sont amarrées auec deux ou tros bouts de corde en forme de marticles.
D'abondant il y a d'autres cordages qui seruent à leuer & tirer les grands fardeaux & charges; sçauoir la Caliorne, le Palan, le Palanquin & la Candelete.
Caliorne, est vn grand chable amarré des deux boutes au dessous les grandes hunes de l'arbre & de misaine, sur lequel y a vne grãde polie, par icelle passe vn autre chable auec autre polie, dont se fait le guindage & reguindage des gros & grands fardeaux.
Le Palan sert aussi pour leuer les marchandises, notamment les poinçons ou barriques de vin, & les bales des marchandises, & sont amarrez au tiers de la grande vergue, au bout du Palan y a deux pates de fer, les Castillans le nomment arza.
Le Palan est composé de trois cordes; sçauoir le Palan, l'Estague, & la Drisse, vn pendant à trois polies, l'vne desquelles est double.
Le Nauire doit toûjours estre équippé de deux palans sur la vergue, l'vn bas-bord, l'autre destibord.
Le Palanquin est au mast de misaine, & ne s'en oste jamais, comme estant du seruice & de l'ornement ordinaire.
Palanquer, est mettre dedans le bord les grands fardeaux ou les retirer ou descendre.
Candelete, est aussi vne espece de palan pour bosser l'anchre, qui est la mettre à sa place ou position: il est composé de deux polies bandées de fer, & d'vn grand crochet de fer.
ARsenal est proprement le lieu auquel les Nauires sont bastis, & è ditta Arzena quasi area Naualis, cioè luogo doue se fanno le Naui Navale, Quale nell Arzena di Venetiani, Bolle la tenace pece arimpalmar i legni lor non sani, dit le Poëte Dante en son Enfer en Espagnol Ataraçanal.
Au bout des vergues sont les harpons, tranchans faits en façon de Spour couper à l'abordage, les cordages de l'ennemy HARPAGONES, Manus Ferreæ vnci sont les vergades ou crochets de fer pour agrafer, & sont necessaires au bout du beaupré & bout des vergues du bruslot.
Lances, Phalaricæ. Vegetius De Re Militari cap. 18. Pots, Grenades, Cercles de feu, sont des artifices pour letter le feu aux Vaisseaux ennemis. Baudier en son Histoire generale Des Turcs. liure 13. chap. 4.
Feu Gregeois, oleum incendiarium quod ignem Græcum vulgus nominat tabulata succendit ignis ille pernicioso fætore flammisque liuientibus Silices & ferrum consummit: & cum aquis vinci nequeat arena respersus comprimitur, aceto perfusus sedatur: Histor. Hierosolim. pag. 1167. Nicetas. lib. 1. Histor. Isaac Angeli Sectione 10.
Cuius compescere flammas
Priscianus De situ orbis carmine de Europa
Si quis aqua cupiat, plus ingem pascit in illa
Pulueris hinc jactus potis est extinguere solus.
à present on l'estouffe tant auec le sable qu'en le couurant de cuirs verds, ou peaux de bœuf. naues Boum tergoribus & centonibus
contro ignem munitas adduxerunt. Nicetas Histor. lib. 3. Sectione. 10. Ammianus Marcellinus lib. 23. Vegetius lib. 4. De Re Militari.
La composition du feu Gregeois representée ou declarée par Cardan. lib. 2. De Substilitate, & par Scaliger Exercitatione 13. Sectione 3. ad Cardanum. fut de l'inuention d'vn ingenieur nommé Callinicus, par le moyen duquel feu, l'Empereur Constantin Pogonatus siue Barbatus, garantit sa personne & sa ville de Constantinople, & en outre brusla, & deffit entierement l'armée des Agarenes & Sarrasins, qui le tenoitent assiegé en icelle, Zonaras, in Constantino Pogonato. Historiæ Musulmanæ lib. 1. columna 39.
Les Empereurs Isaacus & Alexius, en voulurent faire tout autant à l'armée Nauales des François & Venitiens, qui les tenoient pareillement assiegez: mais ce fut sans effect, dit Messire Geofroy de Villehardouin, en son Histoire de la Conqueste de Constantinople par les François nombre 114.
Les Indiens en Orient practiquent l'vsage de certain feu artificiel en apparence fort aspre, toutesfois il ne brusle pas, & s'estaind quand il leur plaist, les Indiens s'en aydent en deffence pour échapper, Osorius en son Histoire de Portugal lib. 8. Section 9.
Ælian lib. 5. De Animalibus cap. 3. fait mention dvn autre feu composé de la graisse exprimée des vers qui sont tirez du fleuue Indus, lequel feu est de toutes manieres inextinguible.
Priscianus Cæsariensis en son Poëme De situ orbis carmine primo. De Europa fait aussi mention d'une herbe qu'il nomme Medica, laquelle croist en Mysie ou Thrace, le jus d'icelle meslé auec huile fait semblablable [sic] feu inextinguible.
Pierrier ou pieces de terre, sont pieces d'artillerie fort ouuertes en quarré sur la culasse, & dedans cette ouuerture on met la boëte de fer pleine de poudre: & au corps du pierrier sont mises les Sacquetes ou Cartouches, qui sont des cailloux, des bales de mousquet, de Fauconneau, & autre ferraille, empaquetez bien serrés en vne poche, ce qui ioüe & tire à l'abordage.
Berches, sont petites pieces de fonte verte.
Coursiers, sont grands canons de fonte verte.
Canons de fer coulé, de hiero colado, Les canons de fer coulé en Perigord, seroient meilleurs, & beaucoup plus asseurez que les canons d'Angleterre, mais il y a faute de bons ouuriers, & ceux qui s'en meslent preparent mal le fer.
Le Canon est monté en chantier, qui est sur quelque bois que ce soit & par occasion, ou posé sur son affust, qui est sa position naturelle, auec des surbands des qui le serrent par les tourrillons: il est amarré à son Sabord par vne grosse corde nommée Drosse ou Bidrole, laquelle perce l'affust sous la culasse, & tient des deux bouts aux boucles ou argans, qui sont destibord & bas-bord du sabord, laquelle drosse baille liberté au canon de reculer quand il tire iusques à demy tillac, qu'elle l'arreste & boucle court.
Comme aussi à chaque costé de l'afust y a vn crochet de retraite, ou vne boucle, qui est vn anneau de fer, pour auec les tirans ou palanquins le remettre en batterie.
L'Afust, est à la culasse dantelé à trois ou quatre degrez nommez Coches, sur lesquels le Canonnier pose le coing de mire, seruant pour mettre le canon au poinct de tirer.
Les cheuilles de fer qui soustiennent l'afust, l'vne au dernier, & l'autre au dessous des tourillons sont nommez Boulons.
Le Canon a dans le Nauire deux Palanquins, vn de chasque bord composez de corde, & deux polies qui se tiennent à costé de l'afust, aux crochets de retraite ou boucles, & aux argans ou boucle du nauire, & seruent pour le remuër, le braquer, & mettre en sa mire, ou en batterie quand il a reculé ou qu'il est chargé.
Le Dégourgeoir, est vn petit fer long de huict ou tant de pouces, pour demorcer le canon ou sonder la lumiere, qui est nettoyer le secret.
Sur le secret ou sur la lumiere du canon conuient pour le conseruer principalement de l'eau & du feu, plaquer justement vne platine de plomb.
Pour charger les canon seruent les lanternes ou cueillers, qui sont manches de bois, & portent la poudre au fonds du canon.
Fouloir ou Refouloir de canon, manchez de bois ou de corde, seruent à pousser & repousser la poudre.
Tirebourre, sert à vuider ou nettoyer le canon.
Escoubillons, Grifons, Arrousement, manchez de bois ou de corde, seruent à rafraichir le canon auec eau & vinaigre quand il a tiré.
Les charges faites comme celles des bandoulieres des mousquetaires, afin de mettre la poudre par mesure, & prestement, sont nommées Gargousses ou Cartouches, & y en a de bois, de fer blanc, de carton, & gros papier.
Cornets, sont grandes cornes de bœuf à tenir le poluerin de l'amorsse.
Bales rondes, Bales à fiche, qui ont vne grande barre de fer au trauers pointuë de chaque bout, Bales à rame qui sont enchainées.
Boutefeu, est le baston du Canonnier, au bout duquel il porte la mesche allumée.
Lancegayes, Archegayes, Hasssegayes, en Espagnol Azcona, & en Italien Zagaglia, & Zagayes, sont armez d'hast, & bastons ferrez par les bouts, au Ponant on les nomme demy-piques.
Sabre, est vn coutelas ou cimeterre. Germani Sabel a voce vngarica & sclauonia Sabla Machæras nominant. Turcici Imperij Status pag. 262. l'Espagnol dit terciado, l'Italien vn cotelazzo.
Le nombre des Nauires tant en guerre qu'en marchandise, s'explique par le nombre des grands voiles, vne armée de cent voiles, l'Espagnol dit cento velas de armada, sont Nauires de guerre CLASSIS, vne flote de tant de voiles, sont nauires en marchandise, Flota se dise quando las naues son de mercantia, y siendo de guerra se dize armada, On dit vn Nauire equippé artillé ou monté de quarante ou tant de pieces de canon.
Faire conserues; c'est quand les Nauires en voyage font pacte & resolution de s'assister & se deffendre, le Capitaine ou conducteur auquel les autres obeyssent, est dit faire cap à la flote.
Assaillir, prendre d'assaut, surprendre & forcer vn Vaisseau.
S'eslargir en mer: Donner, mettre, ou prend la chasse.
Attendre & se mettre, en deffence. Faire escampe, c'est à dire fuïr, se retirer, se sauuer à la fuite.
Inuestir, c'est attaquer.
Inuestir contre terre, est venir à terre pour n'estre battu ou pris.
Prendre terre.
Lascher le canon de partance ou de retraite, c'est le signal quand il faut partir. Señal de leua.
Estienne Cleirac: Vs et covstvmes de la mer,
Divisees en trois parties.
I. De la Nauigation.
II. Du Commerce Naual, & Contracts Maritimes.
III. De la Iurisdiction de la Marine.
Auec vn Traicté des Termes de Marine, Reglemens de la Nauigation des Fleuues & Riuieres.
Le tout Reueu, Corrigé & Augmenté par l'Autheur en cette derniere Edition.
Guillame Tavpinard, Bourdeaux, 1661.
Transcribed by Lars Bruzelius.
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